Le FFS critique vertement Ouyahia et parle d’une «faillite en gestation» de l’Etat
Par Hani Abdi – Le chef du groupe parlementaire du Front des forces socialistes (FFS), Chafaâ Bouaïche, a vertement critiqué les choix et les orientations économiques du gouvernement d’Ahmed Ouyahia. «Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’y a pas davantage à espérer de ce changement de destinataires des discours officiels qui promettent aux oligarques qui ont succédé aux bureaucrates la fonction de locomotive du développement du pays !», a dénoncé Chafaâ Bouaïche en se référant aux déclarations d’Ahmed Ouyahia durant la campagne électorale pour les locales, selon lesquelles le privé national sera la locomotive du développement économique.
Pour le plus vieux parti de l’opposition, ce système de gouvernance, qui n’a rien anticipé, n’a jamais rendu compte ni tiré de leçons de ses échecs, «vient nous annoncer aujourd’hui que des menaces pèsent sur les salaires des fonctionnaires, les pensions des retraités, et vient nous révéler la débâcle de la Cnas, le gouffre gestionnaire de Sonelgaz, le marasme de Sonatrach et autres défauts de paiement et faillites en gestation que le recours au financement non conventionnel ne règlent aucunement».
Le chef du groupe parlementaire du FFS considère que les explications et les justifications du gouvernement ne tiennent pas la route. «L’explication par la crise de liquidités est une explication simpliste, comme était simpliste le choix de s’appuyer sur la rente pour pallier l’absence d’une vision politique au service du développement du pays. L’absence dramatique de débat réel, sérieux, correctement informé ne sert que la reconduction des mêmes perversions», a-t-il affirmé, estimant que la rente pétrolière a plutôt servi à l’enrichissement d’une caste au pouvoir et sa large clientèle.
«Les milliards de dollars de la rente ont produit des milliardaires assistés par la commande publique, géants aux pieds d’argile, exact reflet inversé des géants aux pieds d’argile qu’ont été les complexes industriels de l’ère du socialisme et de l’économie planifiée», a insisté M. Bouaïche, qui considère que «ce qui manque aujourd’hui comme hier à l’Algérie, celle du socialisme bureaucratique comme celle du libéralisme de la chkara, c’est un consensus national qui en mobilisant le peuple dans toute sa diversité, avec ses travailleurs, ses cadres, ses entrepreneurs publics et privés, toutes ses compétences, permettra de mettre en place l’Etat de droit qui encadre la bonne gouvernance. C’est précisément ce qui fait si cruellement défaut à notre pays».
Pour Chafaâ Bouaïche, «ce n’est pas ce projet de loi de finances qui fera sortir notre pays de l’impasse de l’économie rentière, clientéliste et bureaucratique qui a produit les dérives et les échecs de la nomenklatura hier et qui produit aujourd’hui celles des oligarques». «Seul un Etat de droit issu d’un consensus national pourra assurer la bonne gouvernance capable de réaliser l’Etat démocratique et social, promesse majeure du 1er Novembre 1954», a-t-il martelé. Le FFS annonce ainsi la couleur et ne votera pas en faveur du projet de loi de finances pour 2018 qui est, cependant, appuyé par la majorité présidentielle.
H. A.
Comment (8)