Riyad et Doha se servent d’Israël comme instrument de dénigrement
Par Houari Achouri – Dans les relations entre Israël et respectivement l’Arabie Saoudite et le Qatar, les apparences sont trompeuses. En fait, la relation avec Israël est un argument-phare pour les protagonistes de la crise du Golfe pour se stigmatiser mutuellement.
Sournoisement, sans que Riyad ou Doha critiquent ouvertement l’Etat hébreu, ils suggèrent subrepticement que l’un et l’autre entretiennent des relations amicales avec l’entité sioniste. Or, les deux en effet servent les intérêts de Tel-Aviv et cela tout le monde le sait. On peut sans exagérer considérer que les relations entre Israël et ces deux pays, sont «bonnes» et ce ne sont pas les preuves qui manquent pour l’affirmer.
D’abord, concernant l’Arabie Saoudite. L’information vient tout juste de tomber : le ministre des Communications dans le gouvernement israélien, le druze Ayoub Kara vient de lancer sur Twitter une invitation officielle, en bonne et due forme, au grand mufti d’Arabie Saoudite, Abdelaziz Al-Cheikh, pour une visite en Israël. Il ne fait aucun doute que ce dernier s’empressera de répondre à l’invitation du ministre israélien. Cela peut paraître surprenant quand on sait que les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques, puisque l’Arabie Saoudite ne reconnaît pas l’existence d’Israël depuis sa création en 1948. Mais en juin dernier, le président américain Donald Trump, en visite en Arabie Saoudite, s’est rendu directement en avion de Ryad à Tel-Aviv, inaugurant en quelque sorte le premier vol direct entre ces deux pays.
Mais, surtout, il est utile de rappeler que le grand mufti d’Arabie Saoudite avait appelé les musulmans à s’allier avec Israël pour combattre le Hamas et le Hezbollah et affirmé qu’il était «interdit pour un musulman de s’en prendre à l’armée israélienne» qui, selon lui, «protège la mosquée Al-Aqsa», ajoutant qu’il était aussi «interdit, d’un point de vue religieux, de combattre l’Etat d’Israël qui peut être un allié précieux dans la guerre contre les chiites».
Selon les spécialistes de la question, Israël et l’Arabie Saoudite vont finir par établir des relations commerciales de façon progressive. Le commencement, d’après des sources arabes et américaines, consistera dans l’autorisation accordée aux entreprises israéliennes de s’implanter en Arabie Saoudite et par la permission à la compagnie aérienne nationale israélienne El Al d’utiliser l’espace aérien saoudien.
Quant au Qatar, des révélations apportées par les câbles diplomatiques parus sur WikiLeaks, il y a quelques années, ont indiqué ce que pensent vraiment d’Israël les dirigeants qataris. Ces câbles laissent penser que des relations secrètes au plus haut niveau permettent d’entretenir de bonnes relations entre les deux pays derrière une façade de «rupture» décidée par le Qatar début 2009, en réponse à l’invasion israélienne de Gaza. Mais les discussions pour rétablir les relations bilatérales officielles n’ont jamais cessé.
Enfin, côté israélien, il est bon de rappeler également que l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres pays du Golfe sont perçus comme des amis par Netanyahu. Le Premier ministre israélien compte sur un alignement des intérêts d’Israël, des pays du Golfe et des Etats-Unis pour pousser plus loin cette «amitié» et arriver à ouvrir la voie vers une normalisation complète des relations entre son pays et les pays arabes. L’Iran est toute désignée pour servir de ciment à cette alliance qui est, toutefois, encore très improbable.
H. A.
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