Avocats des détenus sahraouis : «Le roi du Maroc a les mains tachées de sang»
Par Sadek Sahraoui – Dans une tribune publiée mercredi 15 novembre 2017, dans le quotidien Libération, le collectif d’avocats en soutien aux dix-neuf prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik ont appelé le Premier ministre, Edouard Philippe, actuellement en visite au Maroc, à évoquer avec son homologue marocain «la situation des droits de l’Homme au Maroc, qui ne saurait être déconnectée de toute coopération diplomatique et économique». Il se dit espérer également qu’à cette occasion Philippe rappellera au royaume du Maroc «l’impérieuse nécessité d’accorder aux prisonniers politiques sahraouis un traitement digne et respectueux des droits de l’Homme, de les préserver de toute forme de torture et de traitements inhumains et de leur assurer un accès effectif aux traitements médicaux indispensables à leur survie».
Dans leur appel, les défenseurs des prisonniers sahraouis rappellent, en outre, au Premier ministre français que «le royaume du Maroc a été condamné par le comité contre la torture de l’ONU pour avoir torturé et condamné sur la base d’aveux obtenus sous la torture Naama Asfari, l’un des dix-neuf prisonniers». Ils ajoutent que «Madame Claude Mangin, femme d’Asfari, est une ressortissante française qui se voit refuser l’accès au territoire du Maroc depuis un an et demi, alors que son mari a été condamné à 30 ans de prison». «Le royaume du Maroc porte ainsi une atteinte constante et grave à son droit à une vie privée et familiale», précisent-ils.
Le collectif d’avocats mentionne que les informations parvenant aujourd’hui sur les conditions de détention des prisonniers sont alarmantes. «L’état de santé de plusieurs d’entre eux est très préoccupant, notamment parce qu’ils ne reçoivent plus les traitements médicaux adaptés à leurs pathologies : maladies cardiaques, maladies rénales, hypertension, asthme sévère ainsi que de multiples pathologies résultant des tortures subies (rectorragie, douleurs à la plante des pieds, hypersensibilité des yeux)», alerte-t-il.
La même source attire l’attention sur le fait que «les prisonniers sont aujourd’hui encore soumis à de traitements inhumains et dégradants de la part des geôliers marocains». «Plusieurs d’entre eux sont dorénavant détenus avec des prisonniers violents et craignent pour leur vie – nous nous interrogeons d’ailleurs sur les raisons de cette soudaine détention avec des criminels extrêmement violents», prévient-elle. En d’autres termes, le collectif veut dire que les mains de Mohammed VI et du Makhzen sont tachées de sang. Edouard Philippe entendra-t-il son appel sachant que son pays a de tout temps couvert les crimes du Maroc au Sahara Occidental ?
Il à rappeler que les prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik ont été condamnés à de très lourdes peines (20 ans de prison à la perpétuité), peines prononcées à l’issue d’un procès inéquitable marqué, notamment, par l’exclusion violente des deux avocates françaises de la défense.
S. S.
Comment (21)