Et la loi de finances ?
Par Kamel Moulfi – A quelques jours du scrutin du 23 novembre pour le renouvellement des APC et APW, la loi de finances pour 2018, dont le projet va être voté par l’APN naturellement – et peut-être même sans le moindre amendement de l’opposition par rapport au texte présenté par le gouvernement –, est-elle un facteur aggravant de la tendance à l’abstention qui domine dans l’électorat ? Le report de son vote pour après les élections locales tend à le prouver. Il a pour but évident d’éviter toute interférence de ce texte sur la campagne électorale.
Mais, tout indique une présence forte, bien que diffuse, en plein dans la course électorale, des craintes soulevées par cette loi de finances, à propos de l’austérité, vraie ou supposée, qu’elle imposerait à la population. Les discussions de rue, loin des salles et espaces réservés à la campagne électorale, portent plus sur les mauvaises nouvelles annoncées par la loi de finances que sur les promesses lancées par les candidats.
Les partis de l’opposition ont la partie facile en mettant en lumière le contraste entre les dispositions de la nouvelle constitution, qui vont dans le sens du renforcement du pluralisme politique et de la démocratie participative, et les pratiques réelles, sur le terrain, qui excluent de fait ceux qui ne sont pas dans le pouvoir ou avec lui, à quelque niveau que ce soit. En opérant une sorte de blackout sur le débat sur le projet de loi de finances, le gouvernement conforte, aux yeux de l’opposition, cette thèse.
Le gouvernement et les partis politiques qui le composent peuvent-ils faire autrement ? Peuvent-ils laisser le débat ouvert sur les préoccupations des couches défavorisées qui sont menacées dans leur pouvoir d’achat et qui voient s’évaporer leur espoir d’améliorer leur situation sociale dans le court et moyen terme ? Or, c’est dans cette catégorie que se trouvent depuis toujours les électeurs qui ne connaissent pas l’abstention dans un vote. Et, chez ces gens, le débat public presque apocalyptique qui a précédé la campagne électorale est encore présent dans les mémoires.
K. M.
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