Le Liban et l’Irak tournent le dos à la Ligue arabe : que fera l’Algérie ?
Par R. Mahmoudi – A quelques heures du début des travaux de la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des Etats de la Ligue arabe, demandée par l’Arabie Saoudite pour discuter de ce qu’elle qualifie d’«ingérence iranienne dans le monde arabe», l’Algérie n’a pas encore rendu publique sa décision d’y participer ou pas, et à quel niveau de participation, préférant ainsi cultiver le mystère jusqu’à la dernière minute. En tous les cas, jusqu’à samedi soir, aucune annonce sur le site officiel du ministère qui donne d’habitude le détail de tout le calendrier du ministre.
Si l’hypothèse d’une participation paraît indiscutable, l’Algérie étant traditionnellement opposée à la politique de la chaise vide, tout porte à croire que le niveau de représentation sera réduit, pour au moins deux raisons. Raison politique, du fait que l’Algérie, vu sa position traditionnelle par rapport aux conflits régionaux ou internationaux, n’aimerait pas avoir à affronter l’Arabie Saoudite et ses alliés qui chercheront à imposer leur point de vue, bâti sur des idées préconçues, sur le rôle de l’Iran dans la région.
C’est d’ailleurs le cas d’un certain nombre de pays, comme le Liban, dont le chef de la diplomatie serait, d’après une source libanaise citée samedi par Reuters, absent à la réunion. La même source a expliqué que le ministre libanais, Gebran Bassil, veut éviter une confrontation avec son homologue saoudien qui risque de tourner à l’«altercation». Réputé proche du président Michel Aoun et du courant du 8-Mars, Gebran Bassil avait, durant une semaine, mené campagne contre Riyad au sujet de la détention de Saad Hariri en Arabie Saoudite. Dans une déclaration ultérieure, une autre source a laissé dire que Bassil va faire connaître sa décision définitive dimanche dans la matinée.
De son côté, le gouvernement irakien a, d’ores et déjà, annoncé qu’il sera représenté à la réunion d’aujourd’hui au Caire par un haut cadre du ministère des Affaires étrangères, arguant d’un calendrier chargé du chef de la diplomatie, Ibrahil Al-Jaafari. Or, il est clair que Bagdad, allié naturel de Téhéran, allait s’opposer à toute idée d’escalade contre l’Iran.
Deuxième raison qui peut être invoquée, pour le cas de l’Algérie, c’est le calendrier encombré d’Abdelkader Messahel. En effet, ce dernier vient de participer à la Conférence ministérielle sur le commerce, la sécurité et la gouvernance en Afrique qui s’est tenue vendredi à Washington, à l’invitation du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson.
Auparavant, Messahel avait pris part, le 15 novembre au Caire, à la réunion ministérielle tripartite Algérie-Egypte-Tunisie sur la crise libyenne.
R. M.
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