Manifestation de soutien au Rif interdite à Bruxelles : le Makhzen pille et gagne
Par Houari Achouri – L’explication des actes de violences commis par des Marocains à Bruxelles lors de leur manifestation saluant la qualification du Maroc à la phase finale de la Coupe du monde 2018 en Russie, et la grossière tentative de faire passer les casseurs pour des Algériens et des Sahraouis, est maintenant connue.
En organisant les pillages, le Makhzen a cherché à donner le prétexte aux autorités belges pour interdire une manifestation de soutien aux Rifains ! L’objectif du Makhzen est atteint, puisque la ville de Bruxelles n’a pas autorisé le rassemblement initié par une organisation appelée «Les Marocains du Rif» et annoncé sur les réseaux sociaux.
Cette information confirme le scoop donné par AP vendredi 17 novembre sur les incidents de Bruxelles. Algeriepatriotique avait révélé, de sources proches des milieux de l’opposition rifaine à Bruxelles, que les pillages ont été organisés par le Makhzen et les services secrets marocains «pour contraindre les autorités belges à instituer des conditions draconiennes pour la délivrance d’autorisations pour toute manifestation organisée par le mouvement d’opposition rifain». La démarche du Makhzen consistant à exploiter la qualification du Maroc à la Coupe du monde pour faire diversion aux problèmes internes – et notamment détourner l’attention de ce qui se passe dans la région du Rif – a visiblement échoué. Les difficultés économiques et sociales dans lesquelles se débat le Maroc sont trop grandes pour être minorisées par rapport à un événement sportif, même s’il concerne le football, sport-roi au niveau de la planète.
En outre, la féroce répression policière qui s’abat sur toute contestation et envoie ses animateurs en prison, où ils subissent les pires sévices de la part des policiers, fragilise la position du Makhzen.
Lancer des casseurs contre la police belge et organiser le pillage des magasins pour accuser ensuite les Algériens et les Sahraouis d’en être les auteurs, la manœuvre n’a trompé personne. Elle n’empêchera pas les Marocains du Rif de manifester, d’une manière ou d’une autre, pacifiquement, à Bruxelles, leur solidarité et leur appui à leurs compatriotes, les contestataires d’Al-Hoceïma. Depuis près d’une année, le Maroc est agité par le Hirak du Rif, un mouvement de contestation populaire et sociale provoqué par le décès tragique d’un marchand de poissons broyé par un camion-benne en octobre 2016 à Al-Hoceïma. Mais la véritable cause du mouvement est profonde : l’injustice sociale, les pratiques d’humiliation et l’arbitraire dont sont responsables les agents du Makhzen à l’égard des plus pauvres.
Il faut ajouter à ce tableau peu reluisant, la question de décolonisation posée par le peuple du Sahara occidental occupé par le Maroc. Récemment le collectif d’avocats en soutien aux dix-neuf prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik a attiré l’attention sur le fait que «les prisonniers sont aujourd’hui encore soumis à de traitements inhumains et dégradants de la part des geôliers marocains» et que «plusieurs d’entre eux sont dorénavant détenus avec des prisonniers violents et craignent pour leur vie». Rappelons que ces prisonniers politiques ont été condamnés à de très lourdes peines (20 ans de prison à la perpétuité), peines prononcées à l’issue d’un procès inéquitable.
H. A.
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