Hadda Hazem arrête sa grève de la faim au bout d’une semaine
Par Hani Abdi – La directrice du journal El-Fedjr a arrêté aujourd’hui sa grève de la faim, qu’elle a entamée lundi dernier. Après plus de 200 heures, Hadda Hazem, dont l’état de santé commence à se dégrader, a répondu favorablement donc à la demande du Comité de soutien au journal El-Fedjr. La décision a été prise par la directrice à la fin du rassemblement organisé aujourd’hui à la maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, en guise de solidarité avec la gréviste, mais aussi pour dénoncer l’état de «délabrement» avancé de la presse nationale.
Plusieurs intervenants se sont élevés contre les pressions financières sur la presse et le maintien du monopole de l’Etat à travers son pendant, l’Anep, sur la publicité publique. Ils ont également évoqué les pressions qu’exerce le pouvoir sur les annonceurs privés pour ne pas donner leur publicité aux journaux critiques.
Il est à rappeler qu’une délégation du comité de soutien au journal El-Fedjr s’est rendue dimanche 19 novembre au ministère de la communication. «Elle n’a pas été reçue par le ministre de la Communication, prévenu dès le samedi de cette visite. Une entrevue a eu lieu entre deux portes avec Madjid Bekkouche, conseiller du ministre, pendant laquelle les membres de la délégation ont fait état de la gravité de la situation de Hadda Hazem et de la nécessité d’une réaction rapide du ministre de la Communication», a assuré le comité de soutien. La liberté de la presse en Algérie est menacée, des journalistes ont été interpelés et poursuivis en justice pour leurs écrits, plusieurs dizaines de journaux ont été fermés suite au monopole de l’Etat sur la publicité publique, unique source de revenus pour les médias algériens, avec laquelle les pouvoirs publics exercent une pression sur les journaux.
Atteintes à la liberté de la presse
Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), présent au rassemblement, a dénoncé les pressions que subit la presse en général et le quotidien El-Fedjr en particulier. Ce mouvement a exprimé son soutien et sa solidarité avec la directrice de ce quotidien arabophone qui a observé une grève de la faim pour protester contre la pression que subit son journal, mais aussi à tous les journalistes qui se battent pour la liberté de la presse, l’un des fondements d’un Etat de droit et de la démocratie. RAJ dénonce ainsi «ces atteintes aux libertés de la presse et d’expression ainsi que l’utilisation de la publicité pour faire pression sur les médias indépendants en vu de les étouffer.
Comme nous l’avions déjà écrit, El-Fedjr, à l’instar de l’écrasante majorité de la presse nationale, subsiste encore grâce à la publicité institutionnelle. Mais la crise économique a touché de plein fouet le marché public de la publicité, composé essentiellement d’appels d’offres. Cette baisse drastique de la manne publicitaire distribuée par l’Anep a mis en difficulté de nombreux journaux. Certains ont déjà disparu du paysage médiatique, tandis que d’autres agonisent lentement.
Le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a fait état récemment de la disparition depuis 2014 de 60 publications, 26 quotidiens et 34 hebdomadaires. El-Fedjr fait partie de ces nombreux journaux qui ne pourraient pas survivre sans la publicité de l’Anep.
H. A.
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