Qui veut faire croire que l’Algérie soutient l’Arabie Saoudite contre l’Iran ?
Par R. Mahmoudi – Que cache la manipulation de certains organes de la presse nationale qui se sont empressés à interpréter la position neutre affichée par l’Algérie, dimanche à la réunion de la Ligue arabe, comme un «alignement» sur celle de l’Arabie Saoudite au sujet de l’Iran et du Hezbollah ? Ceux-là fondent leur verdict sur le seul fait que «le représentant de l’Algérie» n’ait émis aucune réserve sur les résolutions votées à la fin des travaux de cette réunion.
Or, il faut d’abord préciser qu’aucune déclaration du ministère algérien des Affaires étrangères, ni d’ailleurs de la Ligue arabe, n’a fait état de la participation de l’Algérie à cette réunion extraordinaire. Tout ce qu’on sait pour l’instant, de façon formelle, c’est que le ministre Abdelkader Messahel n’y a pas assisté. Son absence était en soi un message à l’adresse de ses homologues arabes : l’Algérie entend observer une totale neutralité dans le conflit qui oppose l’Iran à l’Arabie Saoudite. C’est ce que nous avons noté dans nos précédents articles sur cet événement et qui nous a fait dire que l’Algérie, à travers un tel choix, avait décidé de «boycotter» la réunion. Cela a été, d’ailleurs, le choix officiel des deux principaux pays opposés à l’offensive saoudienne, à savoir l’Irak et le Liban, qui avaient, eux aussi, préféré judicieusement déléguer des diplomates de rang subalterne à la réunion de dimanche pour éviter de s’accrocher avec les Saoudiens qui, au Caire, sont chez eux.
De même, sur la question du classement du Hezbollah comme «organisation terroriste», on reproche à l’Algérie de ne pas s’y être opposée, alors que sa position est déjà connue depuis plus d’une année, lorsque cela avait été proposé la première fois aux membres de la Ligue arabe, à la réunion de mars 2016.
Que gagnerait notre pays à se confronter inutilement à une coalition chauffée à blanc, déraisonnée et prête à semer le désastre et la zizanie dans un maximum de pays autour d’elle ? D’où cette autre question : quel intérêt trouvent ces journaux et autres sites d’information algériens à faire accroire que l’Algérie «a tourné le dos à l’Iran et se soumet aux injonctions de l’Arabie Saoudite» ? Dans le contexte des grandes manœuvres politico-médiatiques actuelles, où tout semble permis, on ne peut s’empêcher d’y déceler une tentative de manipulation qui se voit confortée par l’absence de clarification officielle.
R. M.
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