La France officielle verrouille les libertés publiques : la démocratie mal en point
Par Houari Achouri – L’annulation du séminaire d’études décoloniales qui devait se tenir à l’université de Limoges (France) ce 24 novembre, avec la participation la porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR), Houria Bouteldja, a été accueillie comme «une bonne nouvelle» par une partie de la société française. Cet acte de censure est un appel à la vigilance lancé aux universités par la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a donc été entendu à Limoges. Houria Bouteldja est accusée de propager des thèses racistes et antisémites menaçant le «pacte républicain» en France.
Cette façon officielle de réagir ne fait pas l’unanimité chez les universitaires et chercheurs français dont certains estiment que le fait que «des recherches suscitent des débats, dans les sphères tant scientifiques que politiques et médiatiques, n’est en rien une raison valable pour empêcher la tenue de colloques sur ces sujets». Dans un tout autre cas d’interdiction, ils ont appelé «la communauté scientifique à se mobiliser contre la censure dans nos établissements et à promouvoir au contraire les libertés académiques, en particulier la liberté d’expression, garantes du débat scientifique et démocratique».
La censure menace également le monde culturel. Récemment, la mairie de Marseille a tenté d’annuler un spectacle de l’humoriste Dieudonné sous prétexte, dans ce cas, qu’il allait «engendrer le trouble public». Le Conseil d’Etat n’a pas suivi le maire de Marseille et l’humoriste a pu présenter son nouveau one-man-show intitulé La guerre, sur la scène du Dôme, devant 8000 personnes, qui lui ont fait une standing ovation. «Nous sommes des gens de paix», a prouvé Dieudonné qui continue à remplir les salles au grand désespoir de ceux qui lui vouent une haine bestiale.
Par exemple, l’ancien Premier ministre français Manuel Valls n’aime pas Dieudonné. S’il n’avait pas été évincé du pouvoir et, pire, s’il avait gagné la course à la présidentielle, dont il a été heureusement écarté, il n’aurait cessé de persécuter l’artiste, en empêchant ses spectacles, en lui interdisant de parler et, qui sait, peut-être même en l’enfermant quelque part. Privé de pouvoir, Manuel Valls est obligé de supporter d’apprendre que l’humoriste remplit les salles de gens du peuple, tout confondu, qui l’apprécient et l’applaudissent debout. Valls, qui pense défendre «sa» civilisation en cherchant à éliminer celles des «autres», enrage de constater que Dieudonné a du talent qui lui permet de gagner de l’argent et de continuer à se produire partout. L’ancien Premier ministre ne se rend même pas compte que c’est lui qui distille un discours de haine.
En France, pays démocratique, incontestablement, l’intolérance est latente. C’est ainsi que la liberté d’expression n’est pas tolérée par certains quand ils trouvent qu’elle ne répond pas aux «valeurs de la république», a fortiori quand elle risque de leur porter atteinte. Mais, quand la même intolérance a lieu dans un de nos pays, ceux du Sud, avec interdiction d’une manifestation contraire aux valeurs, certes autochtones, «moins universelles» que celles des pays occidentaux, alors c’est l’appel à l’ingérence directe dans les affaires internes du pays concerné et le risque d’être mis au ban de la «communauté internationale».
H. A.
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