Ce qui a changé
Par R. Mahmoudi – Avec une participation plus forte que prévue et un nombre d’incidents et d’irrégularités relativement limité, on peut d’ores et déjà avancer que le scrutin d’hier a été, dans l’ensemble, un succès. Le gouvernement Ouyahia est certainement le premier à en tirer une fierté, celle d’avoir réussi une épreuve qui paraissait difficile dans une conjoncture économique si pesante pour une majorité d’Algériens. C’était d’ailleurs le principal enjeu de cette élection. Car, pour le reste, les résultats non définitifs du scrutin qui nous sont parvenus redessinent globalement la même configuration, avec le FLN en tête, talonné par son alterego, le RND. Les alliances islamistes maintiennent, elles, leur position de troisième forme du pays, d’après les résultats partiels, mais loin de constituer une menace sur l’échiquier politique national.
En Kabylie, aucun changement notable non plus. Le FFS s’est facilement imposé dans une majorité d’APC, et à l’APW de Béjaïa en dépit d’un bilan globalement négatif. A Béjaïa-ville, selon notre correspondant, le parti fondé par Hocine Aït Ahmed a réussi à déboulonner l’inamovible président d’APC d’obédience FLN. Le RCD se maintient avec une douzaine d’APC à son actif. On note également la percée d’un ancien leader du mouvement des Aarouch, Ali Gherbi, dont la liste vient de rafler la majorité des sièges de l’APC d’El-Kseur.
Autre aspect positif de l’élection du 23 novembres : la Haute Instance de surveillance des élections a fait montre d’une meilleure réactivité, en communiquant en temps réel le nombre de saisines enregistrées et celles, jugées problématiques, adressées au parquet. Pour la première fois aussi, des hommes du gouvernement, dont Ouyahia lui-même, se sont plaints de certains «dépassements». La presse a même rapporté que le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, s’est plaint de ne pas avoir trouvé son nom inscrit sur le registre au moment où il est allé accomplir son devoir électoral. Est-ce une manière de dépassionner le débat sur la fraude qui entache régulièrement les élections en Algérie et qui est resté comme l’apanage de l’opposition ?
On peut aussi remarquer que les médias proches du pouvoir ont relaté, ou carrément filmé, des scènes de bourrage ou de saccage de bureaux de vote dans certaines régions, avec une liberté inhabituelle.
R. M.
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