Des médias saoudiens attribuent des propos imaginaires à Mohamed Aïssa
Par R. Mahmoudi – C’est à une véritable campagne d’intoxication que se sont livrés des médias saoudiens et pro-saoudiens de premier rang, tels que la chaîne Al-Arabiya et le site Erem, en attribuant au ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, des propos qu’il n’a jamais tenus lors de son intervention au Forum de la Radio nationale, diffusé hier lundi. Ces deux médias arabes, se référant à ladite intervention, affirment que Mohamed Aïssa «a annoncé l’arrestation, à l’aéroport d’Alger, de centaines d’Algériens pour prosélytisme chiite, dès leur retour d’Irak où ils avaient visité plusieurs lieux de culte chiites». Dans un autre endroit, les mêmes sources parlent de l’arrestation de 400 personnes.
Ces deux médias ajoutent que le ministre estime, à ce sujet, que ces mesures «prouvent la capacité des autorités à surveiller ces sectes religieuses qui tentent d’infiltrer le référent religieux qui unit les Algériens, à savoir le rite sunnite malékite». Dans le même sillage, Mohamed Aïssa aurait aussi déclaré : «Ceci est un message fort à l’adresse de l’extérieur, disant que les autorités algériennes ne toléreront aucune tentative d’éloigner la société algérienne de son référent religieux (…) et que l’Algérie ne sera jamais un terrain pour les luttes confessionnelles.»
Or, toute l’intervention du ministre qui dure 1 heure et 10 minutes ne contient aucun mot de ce qui a été rapporté par ces médias arabes. La seule et unique fois où il a cité le prosélytisme chiite, c’est dans un contexte global où il évoque les risques pour une société vulnérable et non immunisée d’être infiltrée par toutes sortes de sectes ou d’idéologies étrangères à notre tradition. Tout le reste de l’intervention a été consacré à l’explication des moyens à mettre en œuvre pour combattre l’extrémisme religieux. Mohamed Aïssa a parlé d’«un islamisme en déclin» en Algérie devant l’émergence d’un islam du «juste milieu» qui prône la tolérance et le rejet de la violence et de la haine.
La question que l’on ne peut s’empêcher de se poser : ces médias saoudiens ont-ils inséré involontairement dans leurs comptes rendus des propos déjà tenus par le ministre ou l’ont-ils fait sciemment pour des besoins de propagande anti-chiite qui, au Moyen-Orient, fait actuellement des ravages ? Auquel cas, pourquoi visent-ils l’Algérie ?
C’est la deuxième fois en deux jours que le nom de l’Algérie a été mêlé, indirectement, au conflit opposant l’Arabie Saoudite à l’Iran et ses alliés arabes. Dimanche, un dirigeant du Hamas palestinien avait démenti (lire notre article par ailleurs) détenir des comptes bancaires en Algérie, en réponse à un journal saoudien qui accusait le Hezbollah libanais d’avoir ouvert des comptes bancaires au profit de quelques cadres du mouvement palestinien installés à Alger. Qui veut semer la discorde entre l’Algérie et l’Iran ou les mouvements de résistance arabe ?
R. M.
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