Nébuleuse incontrôlée
Par Kamel Moulfi – En attendant la validation par le Conseil constitutionnel des résultats, les élections locales du 23 novembre conservent presque intact tout leur suspense. Les changements s’annoncent substantiels au vu des recours et protestations qui sont, d’ailleurs, les mots les plus récurrents dans les comptes rendus et commentaires des médias, en référence aux cas de fraude, réels ou supposés, mais suffisamment nombreux pour dessiner une tendance.
Les observations faites par des journalistes spécialisés et par des responsables politiques conduisent à penser que la fraude électorale a pris cette fois les allures d’une nébuleuse incontrôlée qui a produit des impacts dans toutes les directions, au gré de circonstances diverses, même si, selon les mêmes observateurs, la résultante continue de profiter principalement aux deux formations politiques, FLN et RND, qui se sont offert les plus grandes parts du gâteau distribué à travers le renouvellement des APC et des APW.
Les dispositions de la nouvelle Constitution et la création de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), ont-elles eu pour effet de redistribuer les «bénéfices» de la fraude à certaines listes, traditionnellement non privilégiées par le système ? Ont-elles réussi à réduire les nuisances des pratiques de bourrage des urnes ? Pour la première fois, des partis de la majorité se plaignent de «dépassements» et introduisent des recours. Ce fait accrédite l’idée que le mécanisme de la fraude, qui semblait bien rodé et piloté selon une logique centrale, dont on dit qu’elle fonctionnait sur la base des quotas, a éclaté pour donner naissance à des processus autonomes, «de proximité», qui ont le défaut d’être plus visibles et moins protégés.
Au centre des soupçons, on trouve invariablement l’Administration, censée être neutre, mais dont les agents pourraient, selon les observateurs, actionner des processus locaux de fraude. On verra plus clair à la lumière des conclusions qui seront tirées par le Conseil constitutionnel.
K. M.
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