Rachida Dati et Jeune Afrique volent au secours d’un roi prédateur aux abois
Par Houari Achouri – Le Maroc est en proie à une effervescence sociale qui tire son origine de l’injustice subie par une grande partie de la population précarisée et condamnée à la misère, mais la députée franco-marocaine, Rachida Dati, fidèle à son étiquette de droite, regarde ailleurs, vers l’Afrique, nous apprend le magazine Jeune Afrique, qui forme avec elle un binôme mobilisé au service du Makhzen. Les deux tentent vainement de cacher les tares du royaume pour étouffer médiatiquement les soulèvements qui le frappent, particulièrement dans le Rif.
Le problème pour ce binôme, c’est que l’Afrique ne veut pas du regard de Dati, surtout s’il est porté par Jeune Afrique. La preuve de ce rejet, c’est Jeune Afrique qui la donne avec dépit : la députée franco-marocaine a tout fait pour exclure du Sommet Union africaine-Union européenne la participation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ; elle a lamentablement échoué face à la détermination de dirigeants africains absolument réfractaires à toute ingérence et manipulation, a fortiori quand elle émane d’un ancien colonisateur. Jeune Afrique nous apprend qu’«en coulisses, Dati a même essayé de convaincre les plus hautes autorités européennes» de faire pression sur les pays africains pour empêcher la RASD d’être représentée à Abidjan. En vain.
L’interview de Dati par Jeune Afrique, par elle-même pourrait-on dire, est un régal pour le lecteur africain. Par exemple, quand elle parle de la Libye : «Tout le monde doit contribuer ensemble au redressement de la Libye qui aura pour conséquence de pacifier la région. La Libye a besoin du plus grand nombre pour se reconstruire», mais Dati ne peut pas éviter de s’interroger : «S’il y a sanction, qui sanctionner ?». Elle ne comprendra jamais que le premier à sanctionner, c’est l’ancien président français Sarkozy et ceux qui l’ont aidé à détruire la Libye en assassinant Mouammar Kadhafi. Cela, tous les Africains le savent.
A propos du Maroc, elle ne croit pas si bien dire quand elle prétend que «les faits, les chiffres, les résultats parlent d’eux-mêmes». Effectivement, l’actualité en témoigne. Cela s’est passé il y a à peine un peu plus d’une dizaine de jours et Dati ne peut contester le fait puisque c’est le ministère marocain de l’Intérieur qui l’a annoncé : au moins 15 personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans une bousculade provoquée par la distribution d’une aide alimentaire aux pauvres de la région d’Essaouira, dans le sud du Maroc. La misère est une réalité très étendue au Maroc, un pays que Dati présente comme le «leader du développement en Afrique».
Au Maroc, les inégalités sociales sont criantes et ont tendance à s’approfondir. Elles traduisent des choix économiques désastreux qui favorisent la minorité de prédateurs qui se trouvent dans le cercle du Makhzen et vont à l’encontre des attentes de la population. Les mesures draconiennes d’austérité prises par le palais royal touchent exclusivement les couches populaires qui voient leur niveau de vie fortement détérioré. En revanche, la minorité proche du Makhzen continue de bénéficier de tous les privilèges.
H. A.
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