Dangereuse instrumentalisation de l’ANP par le résidu de l’ex-FIS Aribi
Par Houari Achouri – Un député, réélu aux élections législatives du 4 mai dernier, a adressé une longue lettre au président Bouteflika, sollicitant son intervention en faveur des anciens membres de l’ANP qui revendiquent leurs droits et qui ont organisé dans ce but des actions très médiatisées à travers le territoire national. Rien d’anormal à ce qu’un élu fasse une telle démarche, sauf que, dans ce cas, il s’agit de Hassan Aribi, député islamiste du Front de la justice et du développement (FJD) dont tout le monde connaît les accointances avec le Front islamique du salut (FIS) dissous. Hassan Aribi verse des larmes de crocodile sur les soldats de l’ANP, alors qu’il se fait l’avocat des chefs du FIS qui a failli conduire le pays à sa perte.
Député de longue date, Hassan Aribi n’ignore sans doute pas que ces revendications sont prises en charge au niveau du ministère de la Défense nationale, comme le prouvent les milliers, voire les dizaines de milliers de régularisations de dossiers des éléments des catégories concernées, à l’exemple des retraités ou des rappelés ou des militaires rayés des contrôles pour des raisons médicales non imputables au service. La communication du ministère de la Défense nationale n’a jamais failli sur cette question. Il suffit de se référer aux nombreux communiqués publiés par l’institution militaire pour s’en rendre compte. Alors, pourquoi cette incursion de Hassan Aribi dans une affaire qui fait l’objet d’un traitement normal ?
On sait que Hassan Aribi est plutôt connu pour se mêler des affaires qui concernent le FIS. Il y a un an, il était intervenu en faveur de quelques-uns des anciens dirigeants de ce parti qui avaient été placés sous contrôle judiciaire en décembre 2009 pour «participation à une marche non autorisée» à Alger. Il avait même demandé au ministre de la Justice de présenter des excuses officielles à ces individus. Le député du FJD est également réputé pour sa surenchère islamiste sur toutes les questions qui touchent à la modernisation du système éducatif et sur lesquelles il monte chaque fois au créneau comme défenseur des «constantes». Il est évident qu’en agissant ainsi, il cherche à plaire aux extrémistes du FIS dissous, principalement pour gagner les voix de son électorat résiduel.
En s’emparant de l’affaire des «anciens» de l’ANP, le député du FJD a-t-il changé de camp ? On pourrait le croire sachant que la lecture des résultats des élections locales qui ont consacré la déconfiture des islamistes, et en particulier du FJD, a, effectivement, de quoi lui donner à réfléchir. En plus, en dehors de l’élection présidentielle de 2019, dans laquelle les islamistes n’ont absolument aucune chance, les prochaines consultations électorales auront lieu dans cinq ans. Le FIS ne présente plus d’intérêt pour Hassan Aribi, alors il se tourne vers d’autres causes ? Dans quel but a-t-il choisi celle des anciens de l’ANP ?
A moins qu’il cherche à se placer médiatiquement, comme il y a deux ans, quand il avait attribué au général de corps d’armée Mohamed Médiene des déclarations qui ont vite été qualifiées par maître Miloud Brahimi, avocat de l’ex-chef du DRS, de pures «spéculations». Mais là aussi, il n’y avait rien d’innocent, selon certains médias, qui avaient vu dans la déclaration du député islamiste une tentative d’attiser les conflits au sein du pouvoir.
H. A.
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