Abdelwaheb Derbal : «Le système électoral actuel est défaillant»
Par Hani Abdi – Le président de la Haute Instance indépendante de la surveillance des élections (HIISE), Abdelwaheb Derbal, reconnaît l’existence de défaillances dans le système électoral actuel. Dans une interview accordée au journal arabophone Echourouk, Abdelwaheb Derbal affirme que les élections ne reflètent pas la réalité politique du pays et qu’elles ne correspondent pas à l’esprit de la nouvelle Constitution adoptée en 2016.
Il considère «inconcevable» qu’un parti puisse avoir des milliers de voix à travers le pays mais qu’il ne puisse gagner aucun siège. «Cette situation pénalisante doit cesser. Le système des 4% doit également être révisé, car on ne peut continuer de cette manière», plaide le président de la HIISE qui assure avoir élaboré tout un rapport détaillé sur le système électoral, accompagné d’une série de recommandations susceptibles d’ouvrir encore plus le champ politique à toutes les forces capables de présenter des projets et de mobiliser les électeurs.
Abdelwaheb Derbal précise que l’Instance qu’il préside est habilitée à formuler des propositions pour l’amélioration du système électoral. Mais la révision des textes régissant les élections relève des prérogatives du ministère de l’Intérieur. Le président de la HIISE assure néanmoins que le processus électoral en Algérie n’est, certes, pas au même niveau que celui du Danemark mais il reste nettement meilleur que la plupart des pays africains.
La désaffection que connaissent les élections n’est pas forcément le résultat du manque de confiance de ceux qui nous gouvernent. Pour lui, les sources de désespoir sont multiples, à commencer par la famille et les imams dans les mosquées. Pour Derbal, l’abstention ne signifie pas forcément un message politique. Il estime que les abstentionnistes peuvent être classés en trois catégories. La première est celle qui n’a confiance ni en les gouvernants ni en les partis. La deuxième est celle qui ne vote pas parce que les élections ne représentent rien pour elle. Et il y a la troisième catégorie qui ne vote pas parce qu’elle est nihiliste ou je-m’en-foutiste. Mais Abdelwaheb Derbal considère cette situation comme une conséquence directe de la réalité sociopolitique des Algériens.
Les électeurs, selon lui, vivent dans une société et agissent en conséquence. Pour le président de la HIISE, la démission du citoyen est une réalité de notre société. Il estime qu’il y a trop d’exagération dans la description de la situation générale du pays. Pour lui, la situation n’est pas si difficile qu’on la présente aujourd’hui.
Derbal considère que les principes de la Révolution ont été totalement dévoyés. Il considère que l’Algérie n’est pas dans une crise économique ou financière mais plutôt dans une crise de valeurs.
H. A.
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