Ce que l’Algérie attend de la prochaine visite du président français
Par Sadek Sahraoui – C’est peu habituel, mais il semblerait, cette fois, que ce soit le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, qui ait été chargé d’exprimer au président Emmanuel Macron, qui est attendu mercredi à Alger, les attentes de l’Etat algérien vis-à-vis de la France. Lors de son passage lundi matin au forum de la radio nationale, M. Zitouni a d’emblée soutenu que l’Algérie «attend beaucoup» du successeur de François Hollande à l’Elysée. Cette espérance, explique-t-il, se justifie notamment par les déclarations tenues par le candidat Emmanuel Macron sur la colonisation.
Dans ce sens, la partie algérienne attend maintenant que le président français aille sur un terrain plus concret concernant particulièrement la question de la mémoire. Le représentant de l’Etat de l’algérien a clairement fait comprendre dans son message que la mémoire est ce qui importait le plus à l’Algérie dans sa relation avec la France. «Les propos du président Macron sur les crimes contre l’humanité lors de sa précédente visite sont les plus lourds qu’ait prononcés un président français. Néanmoins, l’Algérie ne construira pas ses relations futures avec la France sur la base de déclarations, mais sur du concret. Les deux pays ont franchi des pas satisfaisants dans différents domaines, mais l’essentiel dans ces relations, c’est le dossier de la mémoire», a soutenu Tayeb Zitouni.
Au titre des questions concrètes qu’il souhaiterait voir prises en charge, M. Zitouni a évoqué les dossiers en suspens relatifs aux archives et aux disparus algériens durant la guerre de libération nationale, au nombre de 2 200. Il fait référence, en outre, à la récupération des crânes des chefs de la résistance algérienne et à l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français effectués dans le Sud algérien. A ce propos, le ministre a affirmé que ces dossiers sont «complexes et sensibles et requièrent de la patience», ajoutant que l’Algérie «n’acceptera pas de marchander ni de tourner la page».
Dans la foulée, le ministère des Moudjahidine a indiqué que son département œuvrait, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères et l’ambassadeur d’Algérie à Paris, à «relancer l’action des commissions mixtes chargées de l’examen des dossiers en suspens, après l’arrêt qu’elles ont connu en raison des rendez-vous politiques prévus dans les deux pays». Concernant les excuses que la France doit présenter à l’Algérie pour ses crimes coloniaux, M. Zitouni a précisé que cette démarche «est légitime». «Nous ne sommes pas contre les Français, mais contre le colonialisme français et nous ne renoncerons pas à réclamer nos droits», a-t-il souligné, insistant sur le fait que «les relations ne sauraient être bonnes sans le règlement des dossiers en suspens concernant la mémoire».
A préciser que l’avion de M. Macron atterrira à Alger le 6 décembre vers 10h. Au cours de sa visite, le chef de l’Etat français s’entretiendra avec le président Abdelaziz Bouteflika et plusieurs responsables algériens, dont le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. En marge de sa visite, Emmanuel Macron s’offrira, en compagnie de son épouse Brigitte, un bain de foule à rue Larbi-Ben-M’hidi. Après le bain de foule, le couple présidentiel se rendra à la Faculté centrale d’Alger où Mme Macron a des souvenirs. La première visite d’Emmanuel Macron à Alger dans le costume de chef d’Etat prendra fin vers à 23h après avoir rencontré la communauté française à Alger.
S. S.
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