Un journal français publie un reportage sur le tourisme du kif au Maroc
Par Sadek S. – L’Agence France Presse (AFP) a balancé hier sur son fil un reportage assez singulier, faut-il l’avouer. Il traite du tourisme du kif au Maroc. Oui, oui, vous avez bien lu. Il s’agit bien du tourisme du kif. Lire un tel article dans l’AFP est surprenant dans la mesure où la France protège Mohammed VI, lequel assure ne ménager aucun effort pour combattre le trafic de cannabis. Le reportage de l’AFP démontre que les autorités marocaines font exactement le contraire de ce qu’elles disent. En clair, elles ferment les yeux sur la production comme sur la consommation du kif, dont le Maroc est le premier producteur.
Selon l’auteur du papier, «le tourisme du cannabis attire chaque année dans ce pays des milliers de visiteurs amateurs de… kif» et la culture du cannabis faisait vivre 90 000 ménages en 2013. A Ketama, où d’abondantes plantations de kif accueillent le visiteur, ajoute-t-on, le haschisch fait partie du patrimoine local et sa consommation est largement tolérée. La localité est, assure-t-on, devenue avec le temps d’ailleurs la capitale de la «défonce» pour touristes au Maroc. «Quelques milliers de touristes viennent chaque année à Ketama, principalement d’Europe, mais aussi des grandes villes marocaines. Dans les années 1960 et 1970, Ketama était très prisée des hippies», indique la même source.
Ketama n’est cependant pas la seule destination au Maroc à être prisée pour son offre en matière de kif. L’auteur du reportage de l’AFP précise qu’à une centaine de kilomètres à vol d’oiseau, la ville de Chefchaouen, avec sa médina bleue accrochée à flanc de montagne, est devenue une destination phare. «Avec ses maisons pittoresques, ses ruelles entrelacées, ses venelles pavées, celle que l’on surnomme ‘‘Chaouen’’ est le chef-lieu d’une autre région réputée pour sa production de kif», précise-t-on.
Ici, ajoute l’AFP, petits trafiquants et faux guides accostent immanquablement les touristes pour proposer du haschich ou une visite dans des fermes à la rencontre des «kifficulteurs». Certaines maisons d’hôtes offrent également ce service pour une quinzaine d’euros (…). Aux terrasses des cafés stratégiquement situés, des gens s’approchent même de potentiels acheteurs. Bien sûr, tout cela se fait au nez et à la barbe des autorités de Chefchaouen où les champs de kif s’étendent à perte de vue».
Nombreux donc sont ceux qui viennent à Chaouen pour son kif. La ville est toutefois parvenue en quelques années à élargir la palette de ses visiteurs. «Il y a 20 ans, les touristes étaient essentiellement de jeunes Espagnols qui venaient fumer. Maintenant, les non-fumeurs viennent aussi pour le bleu de la ville, très apprécié par les touristes chinois», explique le patron d’une agence de voyages. Mais rien ne dit que ces mêmes Chinois ne finiront pas eux aussi par plonger leurs doigts dans le pot de miel.
S. S.
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