Un universitaire marocain humilié en Belgique : le Makhzen indifférent
Par Houari Achouri – Les jeunes «déçus» de l’émigration marocaine en Belgique ont un prétexte supplémentaire pour exprimer leur mécontentement dès la prochaine manifestation de rue organisée par leur communauté à Bruxelles et dans laquelle ils se faufileront en faisant croire qu’ils sont Algériens ou Sahraouis. Ce prétexte leur est fourni par leurs hôtes belges qui ont humilié un de leurs compatriotes à son arrivée vendredi soir à l’aéroport de Charleroi.
Le fait est d’autant plus grave qu’il concerne un professeur d’une université marocaine. Il a été détenu tout le weekend dernier au centre fermé de Steenokkerzeel comme un vulgaire délinquant en situation irrégulière qui attend son refoulement vers le Maroc.
De toute évidence, le professeur marocain, spécialiste de la lutte biologique contre les maladies du palmier dattier, est une victime collatérale des séquelles de Molenbeek, quartier de Bruxelles considéré comme un vivier du terrorisme islamiste en Europe et un foyer de l’islamisme radical en Belgique même, et d’où sont issus les groupes de criminels qui sont derrière les attentats de Paris du 13 novembre 2015 et de Bruxelles du 22 mars 2016. Ce sanctuaire des groupes terroristes est animé par des Belgo-marocains.
Le malentendu à l’origine de la mésaventure du professeur marocain prouve la grande méfiance des autorités belges à l’égard des voyageurs qui arrivent du Maroc. Il indique également le degré de légèreté du Makhzen dans la protection de ses propres sujets. Autant dire qu’il les abandonne à leur propre sort quel que soit leur statut, professeur ou migrant clandestin, muni d’un passeport avec visa ou sans papiers.
Algeriepatriotique a rapporté (fait révélé d’ailleurs par la presse marocaine) que «des dizaines de Marocains, la plupart sans passeport, se trouvent depuis plusieurs mois détenus en Libye, otages des réseaux de trafic d’être humains, alors que les autorités de Rabat ne font rien pour leur rapatriement». Le Makhzen est resté sourd à leur appel de détresse. Eux, veulent seulement rentrer au pays «comme les Algériens, les Egyptiens ou les Nigérians». Mais, malgré toutes les alertes lancées à travers des proches, l’intervention royale qu’ils attendent pour mettre fin à leurs souffrances et à celles de leurs familles ne vient pas.
Autre fait significatif du peu de considération du Makhzen pour ses sujets. Il y a deux ans, le palais royal a cédé aux pressions de l’Arabie Saoudite et a envoyé 1 500 soldats marocains combattre au sol contre le Yémen dans une guerre très dure qui fait de nombreuses victimes et où les chances d’en sortir vivant sont quasi-nulles.
Pour revenir à la mésaventure de l’universitaire marocain, il est intéressant de noter qu’il a déclaré ne pas en vouloir à la Belgique, où il a «toujours été bien accueilli», sauf évidemment vendredi dernier. Mais que pense-t-il des autorités marocaines qui n’ont pas entrepris la moindre démarche pour le sortir de cette situation ?
H. A.
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