Zitouni : «Le développement des relations algéro-françaises est tributaire des questions de la mémoire»
Par Hani Abdi – Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, espère que la visite du président français, Emmanuel Macron, va contribuer au traitement des questions de la mémoire encore en suspens.
S’exprimant aujourd’hui au Forum de la Radio nationale, le ministre des Moudjahidine lie toute avancée dans les relations bilatérales entre la France et l’Algérie à la prise en charge, et de manière définitive, du passif historique. Il estime que le non-traitement des questions de la mémoire va davantage miner les relations entre les deux pays. Pour Tayeb Zitouni, «la question de la mémoire est primordiale pour une relation de confiance entre les deux pays». «Nous attendons beaucoup de la visite de Macron qui a déjà déclaré que ce qu’a fait le colonialisme en Algérie est un crime de guerre», a souligné le ministre pour lequel «56% des Français demandent à la France de reconnaître ses crimes coloniaux». «Malgré les importantes avancées accomplies entre les deux pays dans le domaine économique, le non-règlement de la question de la mémoire peut ramener les relations à leur degré zéro», a-t-il averti.
Le ministre des Moudjahidine répartit les questions de la mémoire en trois catégories. Il y a donc les archives, les disparus durant la Guerre de libération nationale, le rapatriement des crânes de nos valeurs guerriers et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires. Tayeb Zitouni avait affirmé à la veille du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale que la France refusait toujours de remettre ce qui reste de ces archives aux autorités algériennes.
«La France refuse de remettre ce qui reste des archives à l’Algérie ou s’attarde à le faire. Elle ne remettra jamais ces archives qui risquent de lui faire du tort», a-t-il souligné dans un entretien accordé à l’agence officielle APS. Tayeb Zitouni ira encore plus loin en se disant convaincu que la France «ne remettra jamais» ces archives à l’Algérie pour la simple raison qui «lui font tort». Autrement dit, tout ce qui pourrait être utilisé comme preuve de la barbarie du système colonial restera «un secret bien gardé», en ce sens que «la France n’acceptera jamais de s’avouer vaincue dans sa guerre contre l’Algérie».
Tayeb Zitouni avait assuré également que l’affaire du rapatriement des crânes et restes des résistants algériens qui se trouvent dans un musée parisien était au cœur des discussions qu’il menait au nom de l’Etat algérien avec la partie française, sans donner d’autres précisions, ni aucune perspective. Le ministre s’était contenté de rappeler que cette question figure parmi les priorités de son département dans le cadre de la sauvegarde de la mémoire et des symboles de la résistance populaire et de la Guerre de libération nationale.
Va-t-il y avoir du nouveau à la faveur de la visite officielle d’Emmanuel Macron en Algérie ?
H. A.
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