Liste noire des paradis fiscaux : le Maroc sauvé par la France et l’Espagne
Par R. Mahmoudi – Algeriepatriotique a appris de sources informées que la France et l’Espagne ont réussi à bloquer l’inscription du royaume du Maroc sur la liste noire des paradis fiscaux et autres pays blanchisseurs établie par l’Union européenne et qui en compte dix-sept. Jusqu’au tout dernier moment, cette liste a fait l’objet de tractations entre les Etats membres. Car, conformément aux règles européennes sur les questions fiscales, les 28 pays membres devaient s’entendre «à l’unanimité» sur le nom des pays «blacklistés».
Réunis mardi à Bruxelles, les ministres des Finances de l’Union européenne se sont entendus sur une liste de pays à mettre sur la liste noire, tous extérieurs à l’UE, parmi lesquels trois pays arabes : la Tunisie, Bahreïn et les Emirats arabes unis. Le Maroc a été inscrit sur une seconde liste de pays qui se sont engagés à améliorer leurs pratiques, appelée «liste grise», échappant ainsi à des mesures coercitives grâce à Paris et Madrid.
Connu pour être une zone franche à la fois commerciale et financière, le Maroc est considéré comme un des paradis fiscaux les plus exploités par les Européens et qui, lui-même, pratique ouvertement le blanchiment d’argent, notamment en Afrique. Cela dit, rien n’est totalement garanti pour le Maroc et les autres pays impunis, puisque la Commission européenne peut à tout moment actualiser la liste, suivant les rapports qui lui parviendront, et peut donc reconsidérer cette faveur incompréhensible dont jouissent le Maroc et d’autres pays qui n’œuvrent pas pour lutter contre l’évasion fiscale et qui ne figurent pas sur cette liste noire.
Les 28 Etats membres de l’Union européenne ont passé au crible un total de 92 juridictions (Etats et territoires) susceptibles de poser problème à l’aune de trois critères bien définis : la transparence fiscale, l’échange automatique d’informations et l’équité fiscale.
Dans leur démarche, les ministres des Finances des pays de l’Union européenne ambitionnent de mettre en œuvre un système de lutte contre l’évasion fiscale suite aux différentes révélations mondiales qui ont secoué l’opinion internationale. Or, d’entrée, leur démarche pèche, comme le font remarquer des observateurs avertis, par un manque d’objectivité flagrant, puisque aucun pays européen n’est cité sur cette première liste noire.
Dans leur déclaration finale, il est indiqué que parmi ceux qui ont décidé de se plier aux demandes de l’UE, «les pays développés ont jusqu’à fin 2018 pour le faire». Preuve que le travail est encore loin d’être achevé et la liste loin d’être exhaustive.
R. M.
Comment (20)