Les raisons cachées du transfert de l’ambassade des Etats-Unis à El-Qods
Par R. Mahmoudi – Au-delà de ses répercussions sur le statut d’El-Qods et, plus généralement, sur l’avenir de la paix au Proche-Orient, et même au-delà d’éventuelles visées tactiques, l’annonce faite par le Président américain de transférer l’ambassade de son pays vers la ville sainte va galvaniser tous les extrémistes islamistes à travers le monde et les inciter à se radicaliser davantage. Le risque le plus redouté est que les groupes djihadistes qui ont versé dans le terrorisme le plus barbare trouvent dans cet acte d’agression caractérisé de Donald Trump, applaudi par le gouvernement israélien, matière à légitimer leur violence nihiliste.
Sachant user de discours religieux, ces groupes, héritiers d’Al-Qaïda, se sont toujours drapés derrière des mots d’ordre comme la libération des Lieux saints de l’islam en Palestine et la lutte contre l’entité sioniste, pour essayer de gagner la sympathie des populations. Or, dans les faits, ces organisations n’ont jamais attaqué les intérêts d’Israël. Au contraire, elles ont contribué, en Syrie et au Liban notamment, à affaiblir les soutiens traditionnels de la cause palestinienne.
Exsangues et Chassés de ses principaux sanctuaires en Irak et en Syrie, les éléments de l’organisation sanguinaire Daech cherchent par tous les moyens à rebondir. Ils ont récemment marqué leur retour par un effroyable massacre dans le Sinaï égyptien, en tuant 305 fidèles musulmans en pleine prière du vendredi. Ce qui prouve, au passage, que les terroristes de Daech sont loin de se soucier de la sacralité des mosquées. N’empêche que cette agression américaine contre un haut lieu de l’islam, El-Qods, peut leur servir de tremplin pour reprendre leurs «croisades» – ainsi sont appelées les guerres menées au moyen-âge par les empires occidentaux pour reprendre Jérusalem aux musulmans.
Cette situation peut provoquer ou aggraver un dangereux amalgame entre la violence terroriste et la résistance contre l’occupation. Car si on ne mesure pas à l’heure qu’il est jusqu’où peut aller cette furie populaire, légitime et somme toute prévisible, suscitée par la décision de Trump, des réactions violentes ne sont pas à écarter. Alors que les principaux chefs de la résistance, Ismaïl Heniyeh et Hassan Nasrallah, ont appelé à une grande «Intifadha» pour protester contre ce qui est qualifié de «deuxième nakba» ou de «deuxième Déclaration de Balfour», la révolte peut s’étendre et prendre des formes insoupçonnées, voire incontrôlées. Mais le Hamas et le Hezbollah étant eux-mêmes classés comme des organisations terroristes, y compris par la Ligue arabe, ces deux mouvements risquent d’aggraver leur cas.
C’est en vérité le but recherché par les instigateurs de cette nouvelle croisade.
R. M.
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