Les extrémistes islamistes réoccupent la rue arabe : Trump a eu ce qu’il voulait
Par Houari Achouri – Comme on pouvait s’y attendre, la décision irresponsable et unilatérale de Donald Trump de reconnaître El Qods comme capitale d’Israël, a apporté de l’eau au moulin de ceux qui, à l’instar du président du Mouvement social pour la paix (MSP), en ont profité pour rejeter le dialogue entamé à travers le processus de négociations, qui s’est avéré, selon eux, inopérant, lui préférant le djihad.
Vendredi, de son salon algérois qui tient lieu de siège à son parti, dans le quartier cossu d’El-Mouradia, le président du MSP, Abderrezak Mokri, a appelé… les autres au «djihad» qu’il considère – ce sont ses propos –comme «seule solution pour libérer El-Qods».
Dans les pays arabes et musulmans, les mosquées radicales ont redonné la parole aux extrémistes qui retrouvent les arguments qui leur manquaient pour revenir au-devant de la scène. Trump a eu ce qu’il voulait : redonner vie à Daech et aux extrémistes islamistes qui avaient perdu du terrain !
A Alger et dans d’autres villes du pays, les islamistes ont saisi la balle au bond pour lancer leur agitation en exploitant l’élan sincère de solidarité des Algériens, particulièrement les jeunes, à l’égard des Palestiniens et de leurs organisations de résistance. Dans les mosquées mais aussi dans les universités, le MSP a tenté de se refaire une base militante, après la déroute cuisante qu’il a subie aux élections législatives et locales.
La surenchère aidant, facilitée par l’émotion créée par le geste de Trump, il faut s’attendre, à l’échelle du monde arabe et musulman, à un regain d’activisme chez les islamistes dont un des chefs, le président turc Recep Tayyip Erdogan, mentor du MSP, a montré des prétentions au leadership pour coordonner leurs actions. Il profite de la compromission de l’Arabie Saoudite qui est prise au piège par la décision américaine alors que Mohamed Ben Salmane, le nouvel homme fort du pays, semblait assez avancé sur la voie de la normalisation avec Israël dans le but de créer une alliance contre l’Iran, présenté comme l’ennemi n°1 pour les pays du Golfe. Avec la décision de Trump, l’ennemi n°1 redevient Israël.
L’Iran n’a pas raté l’occasion pour se repositionner et apparaître plutôt comme un allié dans la confrontation avec Israël. Le président Hassan Rohani est monté, lui aussi, au créneau pour condamner cette violation d’un lieu saint de l’islam et appeler les pays musulmans à s’unir face à au défi lancé par Trump. En fait, le président américain a créé une nouvelle donne qui permet à l’Iran de sortir de son du statut d’adversaire des autres pays musulmans, ce qui met en échec la tentative de l’isoler.
Toutefois, on peut penser que Donald Trump avait une idée, au moins, des conséquences de son geste. Mais le plus important pour lui est certainement de permettre aux extrémistes islamistes de se remettre en selle en leur offrant un prétexte de mobilisation. D’un autre côté, il sait que l’agitation à coups d’appels au djihad contre Israël a toujours été sans effet réel, sauf sur les pays arabes et musulmans qui se retrouvent confrontés à des mouvements porteurs de risques de dérives et de déstabilisation. Est-ce ce que cherche Trump ?
H. A.
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