Statut d’El Qods : les Arabes solidaires avec les Palestiniens sur… papier
Par Sadek Sahraoui – La décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître El Qods comme capitale d’Israël a suscité une colère noire dans le Golfe arabo-persique. Cette réaction est partagée par les pouvoirs en place, bien que nombre d’entre eux soient les larbins des Etats-Unis et entretiennent des relations officieuses mais néanmoins poussées avec Tel-Aviv. Sur le papier du moins, les pays du Golfe sont donc globalement solidaires avec les Palestiniens.
Bien qu’étant considérée comme le plus grande allié arabe de Washington, l’Arabie Saoudite a, par exemple, regretté la décision de Donald Trump, jugeant qu’elle est «injustifiée et irresponsable». Le prince Salmane y voit un «pas dangereux» susceptible de provoquer la colère des musulmans à travers le monde.
Le gouvernement de Jordanie, pays gardien des Lieux Saints musulmans à El Qods, a dénoncé aussi «une violation du droit international». Pour Amman, cette démarche «fait monter les tensions, consacre l’occupation (…) israélienne depuis 1967 de la partie Est de la ville sainte».
Le Qatar, le Liban, l’Egypte, Bahreïn et le Koweït ont accusé également Donald Trump de «mettre en danger le processus de paix». Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohammad Bin Abdurrahman Al-Thani, a défini la décision de Trump comme «une condamnation à mort du processus de paix». Le même signal est ensuite arrivé du Caire, du ministre des Affaires étrangères du Bahreïn et du Koweït.
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a demandé aux pays arabes de s’unir contre cette mesure. La décision du président américain Donald Trump de reconnaître la ville sainte d’El Qods comme capitale d’Israël «compliquera encore plus le processus de paix et posera un défi supplémentaire à la stabilité de toute la région», a-t-il estimé lors d’une réunion internationale sur le Liban vendredi à Paris. «Je ne peux que répéter notre refus de cette décision et notre attachement à l’initiative arabe pour une solution basée sur deux Etats avec El Qods capitale de la Palestine», a ajouté M. Hariri.
Pour protester contre la décision américaine de déclarer de manière unilatérale Jérusalem capitale d’Israël, le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayeb a annoncé l’annulation d’une rencontre avec le vice-président des Etats-Unis Mike Pence. Dans un communiqué, le chef de l’influente institution de l’islam sunnite a indiqué qu’il était revenu sur sa décision de rencontrer M. Pence, qui doit effectuer une visite en Israël et en Egypte dans la seconde moitié de décembre. La rencontre avec M. Pence était prévue le 20 décembre, selon le communiqué d’Al-Azhar. Le grand imam a annoncé son «rejet catégorique d’une requête formelle du vice-président américain Mike Pence pour le rencontrer le 20 décembre», ajoute le texte.
Tous les présidents américains qui se sont succédé à la Maison-Blanche depuis 1995 ont signé des dérogations pour reporter l’application d’une loi portant ce déplacement, sans jamais, toutefois, penser à l’annulation pure et simple ce texte. La loi en question avait été adoptée par le Congrès sous l’Administration de l’ancien président américain Bill Clinton, soit 22 ans avant l’arrivée de Donald Trump.
Pour rappel, la communauté internationale qui s’oppose à la démarche des Etats-Unis n’a jamais reconnu El-Qods occupé comme capitale d’Israël ni l’annexion de sa partie orientale en 1967. Dans la résolution 2334, adoptée le 23 décembre 2016, le Conseil de sécurité souligne qu’il «ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne El-Qods, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations».
S. S.
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