Marches et grèves pour tamazight : forte mobilisation à Tizi Ouzou et Béjaïa, répression à Bouira
Par Hani Abdi – Les appels à la grève dans les écoles et aux marches pour la promotion de la langue amazighe ont fortement mobilisé à Tizi Ouzou et à Béjaïa. Des milliers d’étudiants, soutenus par des lycéens et autres militants de la cause amazighe ont marché à Tizi Ouzou où de nombreux établissements scolaires ont été paralysés par une grève des élèves. A Béjaïa, la mobilisation a été encore plus importante. On parle de 10 000 manifestants, voire plus
Les mêmes mots d’ordre pour tamazight. Les manifestants, essentiellement des jeunes, étudiants et lycéens, ont exhibé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «ma ulac tamazight, ulac, ulac…» ; autrement dit, sans tamazight, il n’y aura rien d’autre. Un message aux autorités selon lequel les écoliers de Kabylie exigent de l’Etat la promotion rapide de l’enseignement de cette langue.
A Bouira, les choses ne se sont pas déroulées dans le calme, comme à Tizi Ouzou ou à Béjaïa. Les étudiants, appuyés par des lycéens, n’ont pas pu marcher. Les forces de l’ordre ont quadrillé l’enceinte universitaire et les manifestants qui ont réussi à tromper la vigilance policière ont été violemment réprimés. On dénombre plusieurs blessés et des dizaines d’arrestations.
Ce mouvement de protestation en Kabylie a été déclenché suite au rejet par la commission des finances de l’APN d’un amendement relatif à la promotion de la langue amazighe. Un rejet motivé par la nature du texte en débat à l’APN, à savoir le projet de loi de finances pour 2018 qui traite du budget de l’Etat. Mais ce rejet, même motivé, a suffi pour déclencher un vent de colère à travers la Kabylie. Mouvements de grève dans les établissements scolaires et universitaires, marches et appels au boycott de l’enseignement de la langue arabe en Kabylie… la situation nous rappelle la grève du cartable de l’année scolaire 1994/1995 pour la reconnaissance de tamazight.
La crainte de dérapages incontrôlables a été exprimée par des partis politiques et des organisations de la société civile. Tout en soutenant cette mobilisation, le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) a appelé à la sérénité et à la vigilance pour éviter des dérives vers la violence ou les manipulations. «Sans clarification des objectifs et des enjeux, sans revendication claire, c’est à coup sûr rééditer les impasses auxquelles sont arrivés le Mouvement culturel berbère dans les années 1990 et le mouvement citoyen de 2001», a prévenu ce mouvement.
H. A.
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