Silence, on marche !
Par R. Mahmoudi – Le mouvement de contestation des lycéens et étudiants en Kabylie se propage comme une traînée de poudre et risque de devenir sérieusement menaçant avec l’entrée en scène annoncée de certains agitateurs politiques. Cela dit, le vrai danger est que ce mouvement serve de creuset à une contestation sociale plus large qui couve depuis longtemps. Car, il ne faut pas voir dans ces manifestations de jeunes une simple réaction par rapport à «un déni identitaire» ou au statut de la langue amazighe mais l’expression d’un marasme autrement plus profond qui touche notamment les étudiants qui voient les horizons bouchés. Ces processions sont, à vrai dire, à associer à l’image de la longue file scandaleuse des étudiants, le mois dernier, devant l’Institut de la culture française à Alger.
Mais ce que l’on ne comprend pas, c’est cette attitude laxiste des institutions et de la classe politique devant un péril en marche. Car, dans cette histoire, il n’y a pas que l’APN qui doit réagir pour dissiper les incompréhensions et apaiser les esprits avant que la situation ne devienne incontrôlable. Hormis le ministre de la Jeunesse et des Sport et le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité, dont la voix est malheureusement inaudible, on n’a vu aucune autorité s’adresser à l’opinion publique et donner des explications sur cette obscure affaire.
La responsabilité est aussi partagée par les partis politiques, même si celle du Parti des travailleurs est, ici, plus lourde. Certains soupçonnent aujourd’hui sa députée, qui est à l’origine de ce grand cafouillage, de s’être prêtée, volontairement ou involontairement, à un jeu dangereux. Ses atermoiements n’ont fait qu’envenimer un climat déjà assez lourd.
Mais quid des autres partis qui se targuent depuis quelques semaines d’avoir repris les rênes en Kabylie ? Leur silence en dit long sur leur incapacité à canaliser la révolte si jamais elle éclate.
R. M.
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