Machiavel et El-Qods
Par R. Mahmoudi – Chassés du pouvoir dans plusieurs pays, lâchés par les Occidentaux et traqués par l’Arabie Saoudite et la Ligue arabe qui les classent désormais comme des terroristes, les Frères musulmans ont trouvé dans la vague de protestation actuelle contre la décision prise par le président américain de transférer l’ambassade des Etats-Unis à El-Qods une occasion en or pour revenir sur scène.
D’abord en (ré)occupant massivement la rue, partout dans les pays arabes et musulmans, y compris en Algérie, en se mettant au-devant des cortèges et en essayant de mobiliser la société civile et certaines institutions élues au nom de la défense de cette noble cause, l’une des rares à faire encore consensus dans ce monde arabo-musulman en pleine re(dé)composition. Puis, comme dans un partage de rôles bien étudié, le grand parrain machiavélique de la confrérie, Recep Tayyip Erdogan, appelle à un «sommet islamique» sur El-Qods pour ce mercredi à Istanbul.
Même boudé par tous les chefs d’Etat et souverains de la coalition anti-Frères musulmans (Arabie Saoudite, Egypte, Emirats arabes unis…) et par une bonne partie de pays neutres (l’Algérie, qui sera représentée par le président de l’APN, n’a fait jusqu’ici aucun commentaire), cette rencontre a déjà réussi à déplacer, symboliquement et momentanément, le centre de gravité de la contestation anti-israélienne vers la nouvelle capitale des Frères musulmans.
Le souci des organisateurs et de leurs alliés est de maintenir cette récupération de la cause palestinienne le plus longtemps possible. Car, pour le reste, on sait que cette réunion ne débouchera, comme celle de la Ligue arabe il y a une semaine, que sur une déclaration de condamnation qui sera lue à la fin des travaux et distribuée à la presse. Et comme lors de la réunion du Caire, personne n’osera se demander pourquoi le pays organisateur et initiateur de ce sommet continue à entretenir des relations normales avec Israël.
R. M.
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