De vieux films palestiniens retrouvés dans les archives de l’armée israélienne
Des films palestiniens et des photos saisis ont pris la poussière dans les archives de l’armée et du ministère israélien de la Défense jusqu’à ce que Rona Sela, conservatrice et historienne d’art, en révèle l’existence. «Ils offrent une alternative au récit sioniste qui nie la présence de Palestiniens», dit-elle.
Certains des films palestiniens se trouvant dans les archives de l’armée y sont avec leurs titres d’origine ; d’autres ont été renommés pour coller à l’optique israélienne, si bien que «combattants» palestiniens se sont mués en «gangs» ou en «terroristes».
L’un des films exhumés par Sela, titré «Description de la brutalité du traitement des Palestiniens des Territoires par l’armée israélienne», renseigne sur les activités militaro-sécuritaires d’Israël à partir de 1948.
Un examen plus minutieux révèle que cette «trouvaille» est subversive, exceptionnelle et hautement significative : 38 000 films, 2,7 millions de photos, 96 000 enregistrements audio et 46 000 cartes et photos aériennes ont été rassemblés aux archives de l’armée depuis 1948, sur ordre du premier Premier ministre et ministre de la Défense d’Israël, David Ben Gourion.
Approfondissant sa recherche, Rona Sela a découvert l’histoire de Khalil Rassas (1926-1974), un des pères du photojournalisme palestinien. Inconnu du grand public palestinien comme israélien, c’était un «photographe audacieux et révolutionnaire» mû par un sentiment de conscience nationale, qui a documenté la lutte palestinienne d’avant 1948. «C’était un jeune homme qui avait choisi l’appareil photo comme moyen de faire changer la conscience des gens», dit Sela. Et d’ajouter que ces pillages de guerre sont l’expression directe de l’occupation et, au-delà de la présence physique d’Israël dans les Territoires, un «contrôle de l’histoire, l’écriture, la culture et la configuration de l’identité».
R. C.
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