Le général Roméo Dallaire : «Un génocide a lieu en Birmanie et nous ne faisons rien»
De Londres, Boudjemaa Selimia – L’ancien patron des forces de maintien de la paix des Nations unies, Roméo Dallaire, a confié à la chaîne d’information continue britannique Sky News, que ce qui est en train de se passer au Myanmar contre les musulmans rohingyas «est sans aucun doute un génocide». L’officier supérieur canadien a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour mettre fin à ces crimes contre l’humanité.
Le commandant de la Mission des Nations unies au Rwanda, dans les années 1990, a averti que les actions perpétrées par le régime birman contre les Rohingyas «sont en train de virer aux pires scènes de génocide que l’humanité aient connues, alors que le monde se complaît dans une position de spectateur». Le général Roméo Dallaire, qui a été pendant de longues années témoin de scènes de massacres collectif les plus abjectes, a mis en garde le monde entier, dans un entretien exclusif au programme Sky News World View, contre ce qu’il qualifie de «plan soigneusement élaboré par les autorités de Myanmar pour exterminer cette minorité».
«J’ai l’impression qu’il s’agit de la copie conforme du livre rédigé par les tenants de la ligne dure au Rwanda qui est en train de s’écrire en Birmanie, en reproduisant le même scénario exécuté par les semeurs de la mort au Rwanda. Même la manière avec laquelle la communauté internationale réagit face à ce génocide ressemble à la réaction de la communauté internationale lors du drame rwandais», s’est insurgé cet officier supérieur, accusant les «grands décideurs de la planète» de faire preuve de frilosité, si bien qu’ils n’osent pas «passer à l’action pour s’acquitter de leur responsabilité qui consiste à protéger les plus faibles en mettant un terme à la folie des dirigeants birmans qui n’ont nullement l’intention d’arrêter leur sale besogne».
«En vertu des traités internationaux, les pays sont obligés d’intervenir en cas de génocide, mais cette intervention n’a pas eu lieu», a regretté le général à la retraite Roméo Dallaire, qui a réitéré son appel à une intervention militaire urgente en Birmanie. «Avec un peu de volonté, cela est possible», a-t-il estimé, en insistant sur «l’extrême urgence» d’une telle action «pour sauver des millions de vies». «Sinon, a-t-il dit, le jugement de l’histoire sera très dur, tant cet immobilisme est une forme de complicité dans les massacres qui sont perpétrés sous nos yeux par le régime birman contre les Rohingyas dans l’Etat de Rakhine».
B. S.
Comment (5)