Etrange intérêt pour le Sahel : qu’est-ce qui fait courir les monarchies du Golfe ?
Par Houari Achouri – L’Arabie Saoudite contribuera à hauteur de 100 millions de dollars et les Emirats arabes unis, 30 millions de dollars au financement de la force conjointe antiterroriste de 10 000 hommes créée à l’initiative de la France dans le cadre du groupe appelé G5 Sahel qui comprend le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. C’est le président français, Emmanuel Macron, qui a donné cette information à l’issue d’une réunion de soutien au G5 Sahel organisée mercredi par la France au château de la Celle Saint-Cloud, en banlieue parisienne, à laquelle a participé le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir.
Les propos du président français ont été confirmés par Adel al-Jubeir, qui a tenu en même temps à préciser que ces ressources doivent être dépensées de la manière la plus utile qui soit. Emmanuel Macron, qui veut que l’argent rentre le plus tôt possible dans les caisses, a annoncé que les mécanismes de versement de ces financements seront très vite mis en place. Avec un apport de 130 millions de dollars, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis mettront dans la cagnotte du G5 Sahel, supervisé par la France, nettement plus du double de ce que consent débloquer toute l’Union européenne et qui ne dépasse pas les 50 millions d’euros.
Les pays pauvres membres du G5 Sahel doivent apporter 10 millions d’euros chacun, ce qui fait 50 millions d’euros. Tout cela reste loin du budget d’environ 500 millions d’euros, exigé pour le déploiement opérationnel du G5 Sahel destiné à remédier aux conséquences d’un chaos sciemment installé en Libye par l’intervention de la France, des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l’Otan qui a conduit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
Le ministre des Affaires étrangères saoudien a fait savoir qu’en plus de son soutien financier, l’Arabie Saoudite offrira aussi au G5 Sahel, grâce à l’alliance militaire islamique, un soutien logistique et de l’entraînement militaire et partagera du renseignement. Rappelons qu’une école régionale de guerre, projet du G5 Sahel financé par les Emirats arabes unis, ouvrira ses portes en janvier 2018 à Nouakchott.
Est-ce à dire que des troupes de l’alliance de pays islamiques, incluant des forces marocaines qui participent aux bombardements du Yémen, seront présentes au Sahel pour lutter contre le terrorisme ? Que viennent faire l’Arabie Saoudite et les Emirats au Sahel ? L’Algérie aura à ses frontières sud une formidable force militaire, est-ce normal tout ça ?
Créée en février dernier à Bamako (Mali), cette force militaire se fixe pour objectif d’enrayer l’expansion des groupes terroristes dans la région. Elle sera déployée aux frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, et viendra s’ajouter à la force française Barkhane et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). Une résolution saluant le déploiement de la force du G5 Sahel a été adoptée au Conseil de sécurité des Nations unies. Mais les Etats-Unis ont refusé que cette force soit placée sous le chapitre sept des Nations unies, ce qui signifie ni mandat ni fonds de la part de l’ONU.
Récemment, le président tchadien, Idriss Déby Itno, avait annoncé que son pays pourrait se retirer des opérations militaires en Afrique s’il ne reçoit aucune aide financière et économique. En proie à une grave crise économique et sociale, le Tchad n’est plus en mesure de soutenir un effort de guerre hors de ses frontières.
H. A.
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