Le MSP veut court-circuiter la diplomatie algérienne sur le dossier d’El-Qods
Par R. Mahmoudi – Après avoir tenté de s’approprier la colère de la rue algérienne contre le diktat américain sur El-Qods, en conduisant des marches et des rassemblements – sans grand succès –, y compris à Alger, le Mouvement pour la société et la paix (MSP) fait aujourd’hui dans la surenchère politique. Ce parti islamiste se dit «insatisfait» de la position officielle de l’Algérie telle que formulée récemment par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, en la qualifiant tout simplement de «négative».
Or, Bensalah n’a fait que réitérer une position arrêtée par tous les pays musulmans lors du Sommet d’Istanbul de mercredi dernier, déclarant El-Qods-Est comme capitale de la Palestine, dans le cadre de la légalité internationale. Pour le MSP, antenne algérienne des Frères musulmans égyptiens, se contenter d’une partie d’El-Qods «trahit une disposition à accepter une partition» de la ville sainte.
C’est la première fois que le MSP franchit le Rubicon et se place aussi ouvertement à contre-courant de l’engagement diplomatique de l’Algérie. D’habitude, ce parti adhérait spontanément à toutes les positions officielles, que ce soit par rapport aux relations algéro-marocaines, aux démarches entreprises dans les pays du voisinage (Libye, Mali…) ou à ses prises de position sur les différents conflits au Moyen-Orient.
C’est vrai aussi que le gouvernement n’a jamais, en contrepartie, interpellé ce parti sur ses activités aussi intenses que suspectes dans les forums internationaux organisés par les réseaux liés à la confrérie des Frères musulmans.
Qu’est-ce qui a bien pu décider le MSP à changer de cap aujourd’hui ? Sortis humiliés aux dernières élections locales, les partis islamistes en général cherchent à redorer leur blason et à se replacer sur l’échiquier politique. Cette contestation soulevée par la décision de Donald Trump, en Algérie comme dans tous les pays musulmans, est tombée à point nommé. Une planche de salut qui s’offre à eux. C’est pourquoi ils comptent s’y investir jusqu’à la dernière énergie, tout en liant leur soutien affiché ostensiblement à la cause palestinienne à leur repositionnement politique.
C’est dans cette perspective qu’ils intensifient leurs pressions sur le président de l’APN, Saïd Bouhadja, pour l’amener à consacrer une séance de débat spéciale sur El-Qods. Usant d’un ton agressif, le MSP reproche au président du Parlement son «laxisme».
Jusqu’où peut aller cette escalade verbale ? Cela dépendra des ordres que Mokri, Menasra et Aribi recevront d’Ankara.
R. M.
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