Contribution de Mesloub Khider – Les imposteurs du MAK et le berbérisme
Par Mesloub Khider – L’Algérien est à l’image de son Etat, bâti sur la manipulation historique. L’Algérien use et abuse avec beaucoup de ruse du mensonge. Il en est ainsi des fanatiques du MAK, ces imaginaires persécutés. A les entendre, ils sont victimes d’ostracisme, de racisme de la part du pouvoir en particulier, et des «Arabes» algériens en général. Ainsi, ils vivraient dans un pays d’apartheid. Certains emploient même le terme de «régime colonial» pour désigner le pouvoir algérien. Pouvoir accusé de mener une politique d’éradication de la culture et de la langue kabyles.
En vérité, il n’y a jamais eu historiquement en Algérie de politique officielle d’éradication de la langue kabyle, ni de politique d’anéantissement de la culture kabyle. Tout comme il n’y a jamais eu de persécutions perpétrées spécifiquement contre les Kabyles. Les répressions politiques opérées par les différents régimes dictatoriaux installés au pouvoir depuis 1962 se sont exercées contre tous les Algériens, sans distinction d’ethnie ni de sexe. «El-kezoula» (la férule) s’est abattue sur tout le peuple algérien. La Kabylie ne détient pas le monopole de la répression. En revanche, elle détient le record des fausses impressions. Des mensongères diffusions, et des tristes confusions. Donc, pas de politique officielle d’éradication de la langue et de la culture kabyles. Pour preuve : les deux sont encore plus que jamais vivantes. Ces fanatiques du MAK font preuve d’une véritable paranoïa martyrologique identitaire, d’un réel sentiment pathologique de persécution.
En vérité, la langue et la culture kabyles s’épanouissent librement partout en Algérie. Jamais la culture kabyle, longtemps confinée dans une existence locale, n’a connu autant de rayonnement que depuis l’accession de l’Algérie à son indépendance. Elle est sortie de ses montagnes inexpugnables pour conquérir toute l’Algérie, le monde entier, notamment grâce à ses célèbres chanteurs et autres artistes de renommée internationale. Sans oublier, depuis quelques années, la création de multiples médias audiovisuels de langue amazighe, l’apparition d’une presse écrite berbérophone, les diverses manifestations culturelles kabyles programmées tout au cours de l’année.
Pour un pays neuf et jeune, sur le chapitre de l’éducation nationale, l’Algérie a réussi ce prodigieux défi d’alphabétiser quasiment l’ensemble de ses enfants. En dépit de ses carences, de ses dysfonctionnements, le système éducatif algérien a réussi cette prouesse de permettre à des centaines de milliers de jeunes d’accéder chaque année à l’enseignement supérieur. Notamment aux élèves de la Kabylie. En outre, pour une langue orale, l’amazighe connaît depuis quelques années un début de transcription écrite et de publications. Cela constitue un notable progrès. D’ailleurs, on n’interdit pas quelque chose qui n’existe pas. Et la langue amazighe écrite n’a historiquement jamais existé.
La langue kabyle n’a connu au cours de son histoire qu’une diffusion orale. Par conséquent, on ne peut pas affirmer que le pouvoir algérien a interdit officiellement la langue amazighe. Que dirait alors la majorité des Algériens dont la langue maternelle est l’arabe dialectal (derja). Leur langue ancestrale orale a toujours été privée de toute reconnaissance nationale, et de toute politique d’officialisation en vue de sa promotion comme langue écrite enseignée à l’école. Et pourtant, ces Algériens arabophones n’ont jamais impulsé un mouvement de revendication linguistique. Ils n’ont donc jamais tenté de politiser la question linguistique arabe dialectale. Ils ont accepté comme fait accompli la langue arabe littéraire promue langue officielle de l’Algérie. Car seule langue arabe dotée des outillages grammaticaux et lexiques opérationnels, et pourvue d’une richesse littéraire séculaire. Et surtout, c’est la langue du Coran, de la religion musulmane, religion de la majorité des Algériens.
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, tout en maintenant l’enseignement en langue française, le régime, confronté à la nécessité de scolariser l’ensemble des enfants algériens, a dû recourir à des expédients éducatifs pour instaurer l’enseignement de la langue arabe avec des moyens matériels et humains rudimentaires. Au reste, en l’absence d’un personnel éducatif suffisamment formé, il a recouru à la politique de coopération, fournie par de nombreux pays arabes désireux d’aider l’Algérie à développer son système éducatif embryonnaire. Le pouvoir n’avait ni les moyens ni le temps d’initier une politique d’enseignement de la langue orale kabyle. Ou plus exactement n’éprouvait, en cette période de panarabisme exacerbé, aucune nécessité de s’intéresser au développement d’un dialecte minoritaire tenu certainement en mépris.
Le régime a, certes, tardé pour s’atteler à la reconnaissance de la langue amazighe comme langue officielle, et ainsi favoriser son enseignement dans les établissements scolaires. Mais cette mesure commence à prendre corps en Algérie. Grâce notamment à la reconnaissance et l’officialisation de la langue amazighe intervenues récemment. Par conséquent, aujourd’hui, le combat de revendication linguistique est infondé, illégitime, abusif. Surtout dans son expression radicalement violente. En effet, il n’y pas lieu d’user de la violence dès lors que la reconnaissance de la langue amazighe est constitutionnellement établie, et est en voie de concrétisation sur le terrain par son enseignement imminente dans les établissements scolaires. Par ailleurs, à entendre les fanatiques du MAK, les «Arabes» haïssent les Kabyles. Les Kabyles seraient des citoyens de seconde zone. Les Arabes détiendraient tous les leviers de pouvoir. Rien de plus faux, inexact.
Les Kabyles sont intégrés dans tout le tissu économique de l’Algérie. Ils sont socialement insérés dans toute la société algérienne. Politiquement, ils ont toujours disposé de partis spécifiquement kabyles. Ils sont amplement représentés dans toutes les instances étatiques du pays, au Parlement comme dans les communes. Ce sont avant tout des citoyens algériens reconnus juridiquement comme faisant partie intégrante de l’Algérie.
Les Kabyles sont établis partout en Algérie, dans le plus petit village jusqu’aux grandes villes. Ils occupent souvent des métiers prestigieux, aussi bien dans le commerce que dans les administrations, dans la petite entreprise que dans la grande industrie. Ils sont dans tous les secteurs de pointe : dans l’enseignement, la recherche, la médecine, la culture, les médias, l’armée, la haute administration, sans oublier les instances de l’Etat. Ils résident dans toutes les villes et dans tous les villages d’Algérie, sans subir le moindre ostracisme. Ils peuvent acquérir un commerce, une maison, dans n’importe quelle ville d’Algérie.
Ainsi, en la circonstance, les fanatiques du MAK propagent des contrevérités. Et la dernière contrevérité répandue sur les réseaux sociaux est relative à ce prétendu vote contre la promotion de la langue amazighe, qui donne lieu à des manifestations estudiantines. A les lire, la Kabylie ferait l’objet d’une véritable politique discriminatoire. «Le pouvoir colonial» reléguerait les Kabyles à des citoyens de seconde zone. Ils seraient défavorisés sur les plans culturel, professionnel, politique, économique. «Même Israël traite mieux ses colonisés palestiniens», se risquent certains Berbéristes.
Drôle de discrimination d’une région qui détient, depuis des années, le record de réussite au baccalauréat, d’universitaires, d’artistes, de célébrités de renommée internationale, de patrons fortunés !
Cette posture de victimisation n’est pas sans rappeler celle des juifs sionistes constamment en train de se livrer aux sempiternelles lamentations pour mieux s’annexer l’histoire à des fins colonialistes. Et les fanatiques du MAK s’adonnent aux mêmes impostures pour persuader les authentiques Algériens Kabyles de les rejoindre dans leur criminelle entreprise irrédentiste.
M. K.
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