Banderole caricaturant le roi Salman : les Saoudiens menacent l’Algérie
Par R. Mahmoudi – L’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Alger, Samy Ben Abdallah Salih, a menacé de «riposter» au déploiement, lors d’un match de football en Algérie, d’une caricature représentant un portrait composé de deux visages collés l’un à l’autre : celui du roi saoudien Salman Ben Abdelaziz et celui du président américain, Donald Trump. Les spectateurs exprimaient à leur manière leur indignation et leur colère à la fois contre la décision de Trump de transférer l’ambassade de son pays à El-Qods pour en faire la capitale d’Israël et contre la compromission avérée du régime saoudien dans cette affaire.
Selon le site saoudien Sabaq, qui a rapporté l’information, le diplomate saoudien a déclaré que la «vérification» de ces images était en cours et que son pays «ne restera pas sans rien faire». Comprendre que sa chancellerie va se plaindre auprès des autorités algériennes sur ce qu’elle considère comme une «offense» aux symboles d’un pays.
La grande banderole déployée sur la tribune comportait également un dessin représentant la Grande Mosquée d’El-Aqsa avec deux légendes, une écrite en anglais Two faces of the same coin (deux faces d’une même pièce), l’autre en arabe, El-baytou lana wa el-qods lana (la Grande Mosquée et El-Qods nous appartiennent) tirée d’une célèbre chanson de Fayrouz.
Cette information intervient au lendemain d’un rassemblement populaire autorisé et où étaient présents en force les partis et organisations pro-gouvernementaux. Les participants ont exprimé, avec des banderoles et des slogans, leur désapprobation de la démarche américaine pour dépraver le statut d’El-Qods. Des marches pacifiques avaient été organisées à travers de nombreuses villes du pays pour porter les mêmes slogans.
La sortie diplomatique surprenante de la chancellerie saoudienne risque d’envenimer les relations entre les deux pays après une longue période de froid durant laquelle l’Algérie a préféré adopter une sorte de «distanciation» par rapport aux initiatives politiques en série que Riyad a pu imposer à la Ligue arabe (guerre contre le Yémen, classement du Hezbollah et du Hamas comme organisations terroristes, isolement du Qatar, et, plus récemment, la mise au pas du gouvernement libanais et l’appel à l’union contre l’Iran).
Cette réaction intempestive trahit une situation de grand embarras dans laquelle se retrouve le régime saoudien depuis l’annonce de la funeste décision de Donald Trump. Acculés, les dignitaires saoudiens sont montrés du doigt pour le rôle actif, jamais démenti, qu’ils ont joué au cours de ces derniers mois dans le processus de normalisation avec Israël.
R. M.
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