Pour une caricature…
Par Kamel Moulfi – L’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Alger, Samy ben Abdallah Salih, a menacé de «riposter» au déploiement, lors d’un match de football en Algérie, d’une caricature qui stigmatise la collusion entre les régimes saoudien et américain. Cela a l’air d’être un détail insignifiant, mais dans la nouvelle conjoncture créée par la décision de Trump de transférer l’ambassade des Etats-Unis à El-Qods pour en faire la capitale d’Israël, la réaction saoudienne est révélatrice de l’affolement des Al-Saoud qui constatent qu’ils se sont engagés dans un processus de «normalisation» avec l’entité sioniste porteur du risque de leur isolement dans le monde arabe et musulman dont ils prétendent assurer le leadership.
L’Arabie Saoudite est confrontée aux premières conséquences de la décision irresponsable de Trump. Elle ne peut se hisser au niveau de protestation anti-américaine et anti-israélienne fixée par la Turquie et par l’Iran. Et surtout, ce dernier pays n’apparaît plus dans le monde musulman comme l’ennemi tel que veut le présenter le régime saoudien. C’est cette obstination qui a poussé les Al-Saoud à se rapprocher d’Israël pour construire une nouvelle alliance appelée à regrouper d’autres pays arabes et musulmans. Mais cette démarche est finalement un échec, tout comme le sont l’aventure guerrière au Yémen et la tentative de déstabiliser le Liban en provoquant une attaque israélienne contre le mouvement de résistance Hezbollah.
En s’en prenant à une caricature dessinée sur une banderole déployée dans un stade à Alger, l’Arabie Saoudite se contente de peu. Mais, en même temps, elle confirmera que ses nouvelles orientations prétendument favorables aux libertés qui seraient enfin reconnues dans le royaume, ne sont que poudre aux yeux destiné à tromper l’opinion publique internationale, en premier lieu dans les pays occidentaux. L’Arabie Saoudite, qui s’apprête à autoriser l’ouverture de salles de cinéma après plus de trente-cinq ans d’interdiction, devra se résoudre à admettre la liberté d’expression des caricaturistes.
K. M.
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