Les Saoudiens nous insultent : l’Algérie exigera-t-elle à son tour des excuses ?
Par R. Mahmoudi – Le quiproquo algéro-saoudien est loin d’être clos. Des images relayées depuis mardi soir par les internautes, notamment sur Twitter, montrent une énorme banderole déployée sur les gradins du stade de Djeddah, capitale économique – et récemment des loisirs et du défoulement – du royaume d’Arabie Saoudite, sur laquelle est écrit en arabe, mais curieusement d’une calligraphie farsi : «Raïs machlûl, chaâb madhlûl» (Président paralysé, peuple soumis), allusion au président et au peuple algériens.
Cette banderole – portant à l’origine l’inscription du club Ittihad et manipulée par des internautes saoudiens et diffusée sur les réseaux sociaux – se veut une «riposte» à celle déployée samedi dernier au stade d’Aïn M’lila caricaturant le roi d’Arabie Saoudite, Salman Ben Abdelaziz, montré dans une parfaite communion avec le président américain, Donald Trump. Les supporters algériens entendaient par ce geste sarcastique exprimer leur sentiment de colère dans le sillage des manifestations populaires contre la décision prise par le président américain de transférer l’ambassade des Etats-Unis à El-Qods pour en faire la capitale d’Israël.
Or, la riposte saoudienne paraît disproportionnée, puisque ses auteurs – ou commanditaires, parce qu’il n’est pas à exclure qu’elle soit ordonnée par des officines saoudiennes – ont sciemment et clairement voulu s’attaquer à la dignité de tout un peuple.
Le gouvernement algérien est en droit d’exiger des explications et des excuses, comme l’avaient fait les responsables saoudiens au lendemain de la diffusion des images du stade d’Aïn M’lila. L’ambassadeur saoudien, Sami Al-Salih, a écrit sur son compte Twitter, mardi, que le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a présenté ses excuses au président du Conseil de la choura en visite à Alger, au nom de son gouvernement et du peuple algérien, suite à l’incident d’Aïn M’lila. Une information qui n’est encore confirmée par aucune source officielle algérienne.
Au même moment, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, annonçait qu’une enquête ouverte sur l’incident de la banderole déployée au stade d’Aïn M’lila (Oum El-Bouaghi) a fait ressortir, selon les résultats préliminaires, qu’il s’agissait «d’un acte individuel et isolé». Le ministre a admis, d’emblée, le caractère «attentatoire» de cette banderole et a rappelé le respect que voue le peuple algérien au peuple saoudien «frère», et le rôle «pionnier» qu’a joué l’actuel roi, alors prince de la province de Riyad, dans le soutien à la Révolution du 1er Novembre 1954.
Tous ces gestes de courtoisie et de conciliation n’auront pas suffi pour adoucir les mœurs des Saoudiens. L’Algérie exigera-t-elle des excuses à la partie saoudienne ?
R. M.
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