Le Maroc trahi par le Sénégal : le Makhzen a-t-il des alliés en Afrique ?
Par Sadek Sahraoui – Selon des sources informées, c’est le président sénégalais Macky Sall – qui passe pourtant pour être l’un des plus fidèles alliés africains du Makhzen – qui a le plus insisté, le 16 décembre dernier, à Abuja, pour que l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) soit mise en stand by. C’est également lui qui a exigé une étude d’impact sur une éventuelle entrée du Maroc au sein de l’organisation régionale.
A en croire le journal sénégalais Le Quotidien, Macky Sall a fini par être convaincu que l’arrivée du Maroc au sein de la Cédéao sera une catastrophe pour les économies de l’Afrique de l’Ouest. D’où, ajoute-t-on, sa décision de tout faire pour empêcher les Marocains de devenir… ouest-africains. En adoptant une position aussi ferme à l’égard de son allié marocain, le président sénégalais a voulu aussi satisfaire les membres du Conseil national du patronat sénégalais (CNP) qui refusent d’entendre parler du Maroc au sein de la Cédéao.
En quoi l’entrée du Maroc pourrait-elle menacer le tissu économique du pays ? Le 27 octobre dernier, le nouveau Comité d’initiative pour le suivi de l’intégration (CISI), qui regroupe organisations patronales et professionnelles, syndicats de travailleurs sénégalais, ainsi que des éléments de la société civile sénégalaise, avait organisé une conférence pour avertir justement des «conséquences négatives» d’une adhésion du Maroc à la Cédéao. Selon le président du CISI, Diallo Kane, «la Cédéao manque de compétences pour négocier ses accords alors que le Maroc a les meilleurs experts dans les négociations commerciales et économiques, ce qui n’augure rien de bon pour le secteur privé de la zone».
Tout en envisageant une coopération renforcée avec le royaume, il estime néanmoins qu’une adhésion du Maroc pourrait générer des «relations déséquilibrées». Diallo Kane craint de voir le Maroc «étouffer» l’économie des pays de la zone en «détruisant des pans entiers» du secteur productif. Le directeur exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal est allé dans le même sens, en déclarant que «le Maroc avec la compétitivité de ses marchandises, qui n’est pas comparable à celle des pays de la Cédéao, viendra inonder le marché sénégalais avec ses produits, et aucun secteur ne sera épargné».
«L’agriculture au sens large, l’industrie, l’artisanat, le commerce, les services ainsi que les bâtiments et travaux publics» devraient être les secteurs les plus impactés, selon le CISI. D’où la levée de boucliers, aujourd’hui, en Afrique de l’Ouest contre le Maroc. Mohammed VI a beau soutenir que sa diplomatie est en terrain conquis en Afrique de l’Ouest, cette séquence prouve, au contraire, qu’il n’a aucun bastion en Afrique. Pis encore, le Maroc n’a aucun allié fiable sur le continent.
S. S.
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