La presse internationale s’intéresse à la «crise» entre Alger et Riyad
Par Houari Achouri – Depuis samedi 16 décembre 2017, la ville d’Aïn M’lila (400 km au sud-est d’Alger) et son club de football de Ligue 2 (AS Aïn M’lila) se sont fait connaître au-delà des limites de leur wilaya et même des frontières de l’Algérie par le tifo particulièrement original représentant d’un côté la moitié du visage du président américain et la moitié du roi saoudien avec pour slogan «Two faces of the same coin» (Deux faces d’une même pièce) et de l’autre une représentation du Dôme du Rocher d’El-Qods.
Pour les supporters de l’ASAM, qui déployèrent cette banderole géante, il ne s’agissait pas du tout d’offenser une quelconque personnalité étrangère, mais de montrer la collusion entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, et dénoncer la décision de Donal Trump de transférer l’ambassade américaine à El-Qods occupée. La réaction saoudienne – disproportionnée – à ce tifo a donné à un fait local une dimension internationale grâce à sa médiatisation qui a contribué à lui donner les allures d’un incident diplomatique.
Le quotidien Okaz, qui est l’un des premiers médias du royaume saoudien et dont les articles reflètent le point de vue du pouvoir, a prétendu que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, aurait présenté des excuses à l’ambassadeur saoudien qui s’est empressé de le faire savoir par Twetter.
Le média français France Info trouve que «la géopolitique est dans le stade», en évoquant «la banderole de supporters de football qui met le feu entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite». France Info parle même d’un «incident diplomatique entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite».
De nombreux médias et sites d’information ont rapporté qu’«une enquête judiciaire a été ouverte en Algérie après l’apparition, dans une tribune d’un stade de football, d’une banderole jugée offensante pour l’Arabie Saoudite». C’est le cas du média russe en langue française, RT, qui cite le ministre de la Justice, Tayeb Louh, selon lequel les résultats préliminaires ont fait ressortir qu’il s’agissait d’un «acte individuel et isolé».
Pour Jeune Afrique, c’est parce que l’Algérie redoutait des conséquences diplomatiques que les autorités algériennes ont décidé l’ouverture d’une enquête. Jeune Afrique, également, cite la déclaration du ministre de la Justice à l’APS selon laquelle il s’agit «d’un acte individuel et isolé».
Maghreb Intelligence est allé plus loin, avec une question qui en dit long sur l’état des relations entre les deux pays : «L’Arabie Saoudite aurait-elle menacé de rompre les relations diplomatiques avec Alger ?» à cause de cette «banderole géante» qui a «fait monter très haut la tension entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite».
H. A.
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