Dos au mur
Par Kamel Moulfi – Comment continuer à réduire la facture faramineuse des importations en ces temps de crise financière ? Est-ce possible sans pénaliser le citoyen dans sa consommation quotidienne, c’est-à-dire sans provoquer incidemment des pénuries chroniques, en particulier sur les produits sensibles comme les médicaments ? Ni paralyser les activités économiques qui ont besoin d’intrants et d’équipements ramenés de l’étranger ? Leur ralentissement serait fatal à la démarche de développement hors hydrocarbures qui est la solution aux problèmes posés à l’Algérie par sa dépendance à ces ressources épuisables.
La réponse paraît simple : ne pas acheter à l’étranger ce que les capacités nationales offrent déjà ou peuvent procurer, moyennant certaines conditions faciles à réunir. Le gouvernement Ouyahia semble vouloir s’orienter dans cette voie. Des indices en sont donnés à travers les décisions annoncées dans le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique, le fameux BTPH, très gourmand en études généralement commandées à des étrangers et en matériaux importés, sources de sorties de devises qui ne sont pas inévitables. Ce secteur utilisera, dans toute la mesure du possible, laisse-t-on croire, la production nationale pour mener à bien à ses projets.
Dans l’impossibilité d’influer de façon significative sur les recettes extérieures tirées des ventes d’hydrocarbures qui fluctuent au gré de facteurs exogènes, le gouvernement n’a pour levier de manœuvre que son pouvoir de gérer les sorties de devises destinées aux importations. L’annonce de la suppression des licences d’importation et d’un nouveau dispositif pour les remplacer, faite par le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, indique que, sur cette question, le gouvernement est dos au mur. Mais le nouveau dispositif exige que la production nationale soit en mesure de répondre aux besoins du marché national d’abord et, idéalement, dégager un surplus qui serait placé sur le marché extérieur. La balle est dans le camp des industriels et des agriculteurs algériens.
K. M.
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