Que nous apprend le vote écrasant contre les Etats-Unis et Israël à l’ONU ?
Par Houari Achouri – «Les Etats-Unis se souviendront de cette journée qui les a vus cloués au pilori devant l’Assemblée générale.» C’est l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, qui le dit. «Cette journée», c’est le 21 décembre 2017, date de la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU qui a largement adopté, sous un tonnerre d’applaudissements, une résolution condamnant la décision américaine sur El-Qods.
Sur 193 pays membres de l’ONU, seuls sept ont voté avec les Etats-Unis et Israël : le Guatemala, le Honduras, le Togo ainsi que les Iles Marshall (53 000 habitants), Micronesia (104 000 hab.), Narau (10 000 hab.) et Palau (21 000 hab.). Ces quatre îles du Pacifique, insignifiantes au plan des relations internationales, sont dépendantes des Etats-Unis.
On le voit bien, sur ces sept pays, seuls trois comptent vraiment : deux d’Amérique latine – le Guatemala et le Honduras –, et un d’Afrique : le Togo. Dans toute la communauté internationale, il ne s’est trouvé que trois pays pour être du côté des Etats-Unis. C’est la preuve que la décision de Trump de considérer El-Qods occupée comme la capitale de l’entité sioniste est condamnée par le monde entier.
35 pays n’ont pas voté contre les Etats-Unis et ont préféré s’abstenir, ce qui signifie qu’ils ont évité de laisser penser qu’ils sont d’accord avec la décision de Trump. Et même dans ce paquet de 35 pays, il y a des îles également très peu impliquées dans les relations internationales.
Le seul pays africain à avoir voté contre la résolution, le Togo, l’a fait par attitude pro-israélienne. On sait que le Togo a accepté d’être le cheval de Troie d’Israël en Afrique en contrepartie de quelques centaines de millions d’euros. Le sommet Afrique-Israël, que voulait le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, et qui avait été annoncé en grande pompe pour le 23 octobre dernier à Lomé, n’a pu avoir lieu.
La position de l’Afrique dans ce vote a été exprimée plutôt par l’Afrique du Sud qui s’est portée coauteur du projet de résolution et a appelé à reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et à mettre fin à l’occupation militaire israélienne.
La communauté internationale, ce sont donc les 128 pays dont le vote a permis à l’Assemblée générale de l’ONU de condamner la décision américaine sur El-Qods. Les Etats-Unis et Israël ont été lâchés y compris par leurs alliés les plus fidèles comme la France et le Royaume-Uni qui ont mêlé leurs voix à celles des pays de l’OCI (Organisation de la coopération islamique) et, pire, à celles des pays «anti-impérialistes» d’Amérique latine et centrale, comme le Venezuela, Cuba ou la Bolivie.
C’est la preuve que la communauté internationale ne peut pas nier les droits légitimes du peuple palestinien. Dans ce sens, c’est une grande victoire pour le peuple palestinien dans la mesure où l’Assemblée demande aux Etats de s’abstenir d’établir des missions diplomatiques à El-Qods et de déclarer «nulle et non avenue» toute décision contraire.
H. A.
Comment (14)