Le MSP éclate : Menasra critique le caractère extrémiste de Mokri
Par Hani Abdi – Abdelmadjid Menasra affiche ouvertement ses différences avec Abderrazak Mokri à la veille de sa remise de la présidente tournante à ce dernier. Dans un entretien accordé à un site arabophone, le président du MSP, qui cédera ce samedi sa place à Abderrazak Mokri, se présente comme un homme plutôt «conciliant, favorable au dialogue, à l’écoute de l’autre, au débat et à des actions concertées».
Abdelmadjid Menasra désapprouve, en effet, les positions «trop rigides» et «radicales» de son «ssocié politiqu ». «La différence entre moi et Abderrazak Mokri est dans la façon de faire la politique. Moi, quand j’exprime un non sur un sujet, je le fais sans élever le ton, sans susciter des tensions. Mokri préfère user d’un langage dur», souligne Abdelmadjid Menasra, revenu il y a une année au bercail après avoir quitté le MSP et créé le Front du changement.
Par ses propos, Menasra confirme ainsi que Abderrazak Mokri, qui s’apprête à réceptionner demain la présidence du MSP, représente effectivement l’aile radicale de ce mouvement politique. A la tête du MSP, Abdelmadjid Menasra a été maintes fois court-circuité par les interventions musclées de Abderrazak Mokri sur des questions d’intérêt national. Son discours modéré, invitant plutôt à plus de dialogue et de concertation, n’était souvent pas du goût de Mokri. Ce dernier n’hésitait pas à afficher son désaccord avec Menasra. Comme nous l’avons déjà écrit, Abderrazak Mokri fait partie de l’internationale des Frères musulmans dont le leader actuel n’est autre que le Turc Recep Tayyib Erdogan. Dès son intronisation à la tête du mouvement, Abderrazak Mokri a affiché la couleur en organisant, en 2013 à Sidi Fred,j une conférence internationale à laquelle il avait convié tous les chefs de la confrérie. Du Pakistanais Abderrachid El-Tourabid au Koweïtien Nour Sanaâ, secrétaire adjoint du Congrès islamique mondial, en passant par le Tunisien Rached El-Ghennouchi, le Libanais Cheikh El-Djabri et un représentant du parti d’Erdogan AKP, Abderrazak Mokri avait ainsi manœuvré pour se donner une légitimité internationale qui l’aiderait dans son ambition de fédérer cette mouvance en Algérie.
En acceptant de fusionner avec le Front du changement de Menasra, Mokri cherche à reconstituer le MSP de feu Mahfoudh Nahnadh avec une vision totalement à l’opposé de la politique entriste du défunt fondateur du mouvement. La sortie de Menasra risque de déplaire à Mokri, qui s’impatiente de retrouver la présidence du MSP pour redonner de l’écho à sa voix et poursuivre son offensive pour le «changement» qui lui permettrait d’accéder au pouvoir et de refonder l’Etat algérien selon les «préceptes» des Frères Musulmans.
H. A.
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