Contestations au Maroc : la police de Mohammed VI torture aussi les enfants
Par Sadek Sahraoui – Pris de panique et craignant visiblement d’être emporté par la contestation sociale qui ne cesse de se propager, le Makhzen réprime sans pitié dans le but de reprendre le contrôle de situation. Personne n’est épargné, pas même les enfants. Non loin que la semaine dernière, onze mineurs âgés entre 10 et 14 ans ont été arrêtés. Leur seul tort est d’avoir participé, la semaine dernière, à une manifestation du Hirak, mouvement pacifique de protestation, dénonçant la marginalisation et le sous-développement qui secouent depuis plus d’une année le Rif, une région extrêmement pauvre de l’Ouest marocain.
Non contente de les avoir enfermés pendant trois longues journées, la justice marocaine a décidé également de les juger pour «participation à une manifestation non autorisée» et «violences contre les forces de l’ordre». La première audience aura lieu le 15 janvier. Selon leur avocat, Rachid Rachid Benali, qui est également le coordinateur du Comité de défense des détenus d’Al-Hoceïma, ces garçons ont été interpellés dans la nuit du 17 décembre dernier. D’après le journaliste indépendant Omar Radi, citant des sources familiales, certains des enfants portaient des «traces de coups et de blessure sur le corps» à leur sortie de prison. En un mot, ils ont été torturés. Les arrestations de ces mineurs ont d’ailleurs suscité l’émoi de l’opinion marocaine et internationale qui a fustigé un «Etat voyou».
Selon l’ONG de défense des droits Amnesty International (AI), les autorités marocaines ont arrêté des centaines de manifestants depuis le mois de mai dernier. AI précise qu’au moins 410 d’entre eux sont actuellement détenus.
Le procès des meneurs du Hirak Errif, dont le leader Nasser Zefzafi, a commencé il y a plusieurs semaines avec des questions de forme, et les débats sur le fond devraient commencer à la prochaine audience, prévue le 26 décembre. Les accusés, rappellent leurs avocats, «sont poursuivis pour différents motifs, parfois très graves comme celui d’atteinte à la sécurité de l’Etat» qui peuvent leur valoir de lourdes de peines de prison – ou même théoriquement la peine de mort.
S. S.
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