L’année de la disette
Par R. Mahmoudi – L’année 2017 s’achève dans un climat social et politique très sombre, avec la reprise des grèves dans plusieurs secteurs vitaux (santé, enseignement…), le retour des mouvements de contestation, sur fond d’inquiétudes grandissantes en matière d’emploi, avec des horizons de plus en plus bouchés pour les jeunes diplômés notamment. Deux faits du jour illustrent la profondeur du malaise qui ronge le pays : les images montrant un attroupement de milliers de candidats à un concours de recrutement dans l’enseignement à Béjaïa – région qui ne s’est pas encore totalement remise des soubresauts du début du mois –, et le désenchantement qu’ont dû provoquer les fausses promesses données pour le recrutement de quelques 4 000 techniciens et agents dans le projet de la nouvelle aérogare d’Alger.
Incapable d’assumer des promesses qu’il ne peut plus tenir, pour acheter la paix sociale comme il le faisait auparavant, le gouvernement table sur les effets rapides d’une «revalorisation» aux forceps des entreprises publiques pour essayer de résorber un tant soit peu ce chômage galopant qui constitue aujourd’hui le plus gros souci. Mais, lorsqu’on se souvient des désastres qu’ont connus, au milieu des années 1980, le fameux plan de «restructuration» des sociétés nationales et le processus de privatisation qui a suivi, on ne peut qu’être sceptiques quant à l’issue de cette nouvelle stratégie. Avec un système économique trop bureaucratisé et un pouvoir politique aussi fragile, il ne faut pas s’attendre à des miracles.
En plus du spectre du chômage, les Algériens appréhendent pour la nouvelle année qui va commencer, des jours plus difficiles avec l’érosion incompressible de leur pouvoir d’achat, à cause des augmentations générales qui seront mises en application. Un souci de plus pour le gouvernement qui sera appelé à imaginer d’autres solutions – d’autres potions magiques – pour éviter l’explosion.
R. M.
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