Poursuite des protestations au Maroc pour dénoncer les conditions de vie difficiles
Les protestations populaires continuent à faire l’actualité au Maroc, notamment avec l’effervescence en cours à Jerada (est du pays) suite à la mort de deux jeunes dans un puits clandestin d’extraction de charbon, une vague de contestation s’ajoutant au Hirak du Rif qui se poursuit par la contestation des procès iniques de ses leaders.
Selon les médias locaux, les vagues de protestation se poursuivent à Jerada suite au décès, vendredi, de deux frères âgés de 23 et 30 ans sous les décombres, au quartier Massira, dans la même ville, alors que le troisième a miraculeusement échappé à une mort certaine. Ces derniers effectuaient des prélèvements dans les galeries clandestines d’une mine de charbon désaffectée. L’incident a suscité colère et émoi au sein de la population locale, qui s’est mobilisée en masse pour protester contre la tentative des autorités locales de hâter l’enterrement des deux victimes et étouffer l’affaire.
Les parents des victimes ont refusé de réceptionner leurs dépouilles et une grande manifestation a été organisée revendiquant l’ouverture d’une enquête. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées à Jerada, dans le nord-est du Maroc, pour dénoncer la «marginalisation» de cette ancienne ville minière, mettant en avant leur droit en tant que citoyens marocains à «une vie décente» et au développement. Il ne s’agit pas de la première protestation à Jerada, déjà en effervescence il y a quelques semaines suite au refus des habitants de s’acquitter des factures d’eau et d’électricité jugées trop élevées, selon la revue marocaine meemmagazine.
Les habitants de cette ville, plongée dans la précarité, exposent leur vie au danger, en recourant au travail clandestin dans les mines comme gagne pain, en raison de l’indifférence des autorités qui ne répondent pas à leurs besoins quotidiens, ont estimé des juristes.
Mise en garde contre l’aggravation de la situation
Un site marocain a rapporté que le parti El-Istiklal a mis en garde contre «l’aggravation de la situation socioéconomique dans le territoire de Jerada», soulignant que ce qui a fait déborder le vase, c’est la persistance de la mort des enfants de Jerada. Le parlementaire Yacine Dagou du même parti a indiqué que le territoire de Jerada est devenu le théâtre de «protestation populaire» à cause du recul des indices du développement humain (pauvreté en hausse, fragilité des infrastructures, chômage et cherté des factures d’eau et d’électricité). Le parlementaire a également fait état de la non-application par le gouvernement de la convention socioéconomique conclue avec les représentants sociaux des travailleurs des mines après la liquidation de la société de charbon, le 27 février 1998.
Les événements de Jerada interviennent au moment où le dossier du Hirak au Rif n’a pas été clos, notamment à la lumière des procès iniques qui se poursuivent à l’égard des militants de cette région. Des sites marocains ont rapporté également que le détenu Nasser Zefzafi, le dirigeant du Hirak au Rif, a évoqué lors de son procès la peine de mort en scandant : «Si vous compter me condamner à la peine capitale, faites le rapidement.»
Le régime marocain tente de «blouser» l’opinion publique en envoyant des missions d’inspection pour enquêter sur «les raisons de l’inexécution des projets programmés et déterminer les responsabilités». Cependant, les protestations à Al-Hoceima et Jerada se poursuivent, comme ce fut le cas de la manifestation dite de «la soif» qu’ont connu les régions rurales de Beni Mellal et Zagora, ainsi que la tragédie qu’a vécu la population d’Essouira à cause d’une bousculade ayant entraîné la mort de femmes lors d’une distribution d’aide alimentaire.
R. I.
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