Erdogan lynché par la presse en Tunisie
Par Sadek Sahraoui – La visite du président turc, Recep Tayyip Erdogan, cette semaine en Tunisie, ne s’est pas aussi bien déroulée que le disent les médias turcs inféodés à l’AKP, parti au pouvoir en Turquie.
Des journalistes affiliés au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) ont organisé une manifestation pour dire au chef de l’Etat turc qu’il n’était pas le bienvenu chez eux et lui rappeler notamment les dégâts causés à la Tunisie par son soutien aveugle aux islamistes en général et en particulier à Ennahdha, le représentant local des Frères musulmans. Nos confrères tunisiens ont voulu également, à travers leur action, dénoncer avec force le pouvoir liberticide d’Erdogan et la répression féroce qui s’abat sur la presse en Turquie.
Selon Amnesty international, 149 journalistes ont été arrêtés depuis le présumé coup d’Etat manqué contre Erdogan. Dans son dernier rapport sur la liberté de la presse dans le monde, Reporters sans frontières (RSF) classe la Turquie à la 155e place sur 180 au classement 2017. Ce triste bilan fait d’ailleurs de la Turquie «la plus grande prison pour les journalistes à travers le monde». «Des dizaines de journalistes sont jetés derrière les barreaux sans jugement, faisant de la Turquie la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias. Ceux qui restent en liberté sont tout aussi exposés à l’arbitraire : procès en cascade, retrait de carte de presse, retrait du passeport, confiscation de biens… La censure d’internet et des réseaux sociaux atteint des niveaux inédits», avait alors rappelé RSF.
Neji Bghouri, président du SNJT, a d’ailleurs pris soin de lancer un appel mardi au président de la République, Béji Caïd Essebsi, afin d’évoquer avec son homologue turc la question de la liberté d’expression pour les journalistes.
L’action de protestation du SNJT a porté ses fruits puisque Recep Tayyip Erdogan, qui a séjourné les 26 et 27 décembre à Tunis, est souvent resté sur la défensive. C’est sans doute la première fois qu’il en prend autant pour son grade dans un pays arabe. Son passage au Maghreb a été un flop total. A l’avenir, il saura certainement qu’il n’est pas vraiment en terre conquise dans la région.
S. S.
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