Les Britanniques suivent de près les projets du géant pétrolier Sonatrach
Par Houari Achouri – L’agence Reuters a évoqué dans une longue dépêche en langue arabe le projet du groupe pétrolier national Sonatrach d’exploitation du gaz de schiste pour compenser le déficit en volume de gaz exportable, créé par le retard dans certains projets, mais surtout par le formidable bond de la consommation interne provoqué à la fois par la poussée démographique et par l’amélioration du niveau de vie de la population, sans oublier les tarifs appliqués par la compagnie de distribution de l’électricité et du gaz, Sonelgaz, qui sont encore très fortement subventionnés par le budget de l’Etat.
Mais, signale la même source, le projet d’exploitation du gaz de schiste que veut lancer le gouvernement pour trouver une solution à la diminution des volumes destinés à l’exportation, essentiellement vers l’Europe, exige du temps et des réformes très étendues qui toucheront Sonatrach.
Sonatrach veut faire passer les volumes exportés vers l’Europe, notamment vers l’Espagne, le Portugal et l’Italie, à 57 milliards de mètres cubes, alors qu’ils étaient en 2016 de 54 milliards de mètres cubes. L’Algérie, est, rappelle-t-on, le troisième fournisseur en gaz de l’Union européenne (UE), après la Russie et la Norvège.
La dépêche de Reuters fait observer qu’une quelconque perturbation dans l’approvisionnement en gaz algérien de l’UE va conduire celle-ci à se tourner plus vers la Russie qui utilise la carte gazière pour appuyer les objectifs de sa politique extérieure. L’auteur de l’article cite des clients européens du gaz algérien qui font part de leur inquiétude quant aux capacités de l’Algérie à réaliser les investissements indispensables pour répondre aux besoins du marché de l’UE.
L’agence Reuters fait savoir que, selon des responsables de Sonatrach, celle-ci a entamé des discussions avec le groupe pétrolier français Total et l’italien ENI pour travailler ensemble sur des projets d’exploitation de gaz de schiste dont les réserves, selon le chiffre donné par la même source, tournent autour de 22 trillions de mètres cubes, ce qui fait de l’Algérie la troisième réserve mondiale dans cette ressource.
Toutefois, au point où en est l’exploration des réserves de gaz de schiste en Algérie, son exploitation ne se fera pas du jour au lendemain, ajoute l’agence, qui précise, en se référant à des sources à Sonatrach, que cela exigera une refonte de la législation au préalable pour procurer au groupe pétrolier national des conditions plus attractives pour les sociétés étrangères. Une nouvelle loi a été annoncée par le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould-Kaddour, pour 2018, mais, signale l’auteur de la dépêche, aucun projet de texte n’a encore vu le jour. Ceci, en plus des difficultés techniques inhérentes à l’exploitation du gaz de schiste.
Reuters cite Geoff Porter, expert en énergie, qui a déclaré que «l’Algérie aurait dû commencer l’effort d’exploration du gaz de schiste il y a longtemps». Il qualifie de défi ce que veut faire Abdelmoumen Ould-Kaddour dans sa tentative d’introduire des changements dans Sonatrach. L’expert américain estime que les réformes envisagées dans cette entreprise porteront atteinte aux intérêts de certains de ses responsables et obligeront d’autres à allonger leur journée de travail.
H. A.
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