Tony Blair : «Les fondements de la démocratie en Europe sont menacés»
De Londres, Boudjemaa Selimia – «Le Vieux Continent est menacé de dislocation en raison d’une montée sans précédent des mouvements politiques populistes. Le risque est encore plus grand sur les démocraties occidentales», avertit le centre de réflexion de la Fondation de l’ancien Premier ministre travailliste britannique Tony Blair. Cette mise en garde est justifiée par le résultat alarmant d’une enquête réalisée par l’Institute for Global Change sur l’évolution inquiétante du soutien de l’électorat européen aux partis populistes d’extrême-droite lors des récentes élections. L’appui à ces mouvements a presque triplé depuis 2000, frôlant aujourd’hui la barre des 24,1%. Une configuration comparable à la montée du nazisme en Allemagne et dans d’autres Etats européens dans les années 1930.
L’enquête relève que durant cette même période, le nombre de pays européens ayant vu l’émergence de partis populistes qui, de surcroît, participent au gouvernement, a doublé, passant de sept à quatorze, créant ainsi «un périmètre populiste sans précédent» à travers toute l’Europe, allant de la Baltique à la mer Egée. L’enquête note que certains Etats européens, comme la Pologne et la Hongrie, dirigés par des mouvements proches de l’extrême-droite, «ont entamé un processus de démantèlement des institutions démocratiques, exactement comme ce qu’il s’est passé en Allemagne pavant la voie à l’avènement de Hitler au pouvoir, avec l’appui d’un large mouvement populaire».
Le centre d’étude britannique relevant de la Fondation Tony-Blair regroupe une pléiade d’experts et d’analystes de renom. Il a été créé au courant de cette année par l’ancien Premier ministre britannique qui a changé de cap, dénonçant l’intervention américaine en Irak et l’influence d’Israël sur les dirigeants occidentaux. Tony Blair affirme œuvrer désormais à encourager «l’émergence d’idées politiques nouvelles et une génération d’acteurs politiques centristes».
«Les profondes mutations de la politique européenne sur le long terme sera marquée par une prédominance des questions liées à l’insécurité économique, au rejet de l’immigration et de toute notion d’une société multiethnique», souligne l’étude, qui observe que les revendications de ces mouvements d’extrême-droite «sont très répandues dans les milieux fascisants et les réseaux sociaux». «Ce déferlement des mouvements populistes ne peut être ralenti que par un engagement efficace des acteurs politiques modérés qui devront identifier et neutraliser la matrice de cette mouvance», souligne l’étude britannique. «Sans quoi, alerte la Fondation Tony-Blair, le populisme va prendre de l’ampleur à travers le renforcement de ses rangs, avec le risque de voir ces mouvements devenir dans un avenir très proche la première force politique en Europe» avec les fâcheuses conséquences que cela engendrerait sur l’ensemble de la région.
B. S.
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