Le voile n’est plus obligatoire en Iran
Par Sadek Sahraoui – C’est une petite révolution qui vient de se produire en Iran. Une révolution inimaginable il y a à peine une année. Le commandement de la police de ce pays gouverné d’une main de fer par les Gardiens de la Révolution a décidé de ne plus arrêter les Iraniens qui contreviennent aux lois islamiques. L’annonce, passée complètement inaperçue, a été faite jeudi par le général de brigade, Hossein Rahimi, lors d’un discours à Téhéran. «En accord avec la décision du commandant des forces de police, ceux qui ne respectent pas les codes islamiques ne seront plus placés en centres de détention et n’auront pas de casier judiciaire», a-t-il affirmé.
Il a précisé que la police iranienne préfère adopter une approche souple pour convaincre les gens de respecter les préceptes de la religion. Cette approche, a expliqué M. Rahimi, selon le quotidien Shargh qui rapporte l’information, consiste à abandonner le châtiment et à privilégier l’éducation. Certains médias soutiennent que les femmes ne seront plus tenues de porter le voile si tel était leur volonté.
Il faut savoir que le port du voile est obligatoire pour les femmes depuis la Révolution iranienne. Mais, ces dernières années, on a assisté à un relâchement de la tenue vestimentaire des femmes. Les jeunes Iraniennes tentent depuis de nombreuses années de repousser les règles vestimentaires qui leur sont imposées, en laissant quelques mèches de cheveux dépasser de leur khimar (voile) ou en portant du vernis à ongles, ce qui soulève l’ire des Iraniens conservateurs.
La police de la moralité iranienne – semblable à la police religieuse de l’Arabie Saoudite – interpelle, de son côté, les contrevenants et les escorte vers une voiture de police. Leurs familles sont ensuite obligées d’apporter des «vêtements décents» aux détenus. Les contrevenants doivent alors signer un formulaire promettant de ne plus commettre cette infraction. Les hommes peuvent être aussi arrêtés par la police s’ils sont vus en short ou torse nu.
Perçue par beaucoup comme un tournant, la décision annoncée par le général de brigade, Hossein Rahimi, est assez surprenante dans la mesure où l’ancien chef de la police de Téhéran, le général Hossein Sajedinia, avait recruté, en avril 2016, quelque 7 000 indicateurs en civil pour lutter contre l’«immoralité» dans la capitale iranienne.
Qu’est-ce qui a pu faire changer si vite les autorités iraniennes sur la question ? Sans nul doute la crainte d’une explosion sociale, surtout que les signes avant-coureurs d’une fronde de grande ampleur sont bien là. Les indicateurs de l’inflation et du chômage sont, en effet, inquiétants. En faisant des concessions aux femmes et aux jeunes sur la question des mœurs, le pouvoir iranien espère sans doute avoir un peu de répit.
S. S.
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