Bruxelles et l’ONU veulent faire de la Tunisie une prison pour migrants
Par Sadek Sahraoui – Des nombreux médias tunisiens révèlent que des pays européens et des organisations internationales exercent de fortes pressions sur les autorités tunisiennes afin de les amener à adopter une loi qui transformerait la Tunisie en un vaste «asile» pour migrants illégaux. Ces pressions viendraient du notamment représentant local du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), Mazen Abou Chanab, et de l’ambassadrice de Suisse à Tunis, Rita Adam.
La presse tunisienne soutient que ce projet de loi, à l’étude depuis 2012 au niveau du ministère de la Justice, a atterri depuis peu sur le bureau du Premier ministre tunisien. L’opinion tunisienne redoute aujourd’hui que ce projet de loi soit adopté sans faire l’objet d’aucune consultation ni d’aucun débat public.
De son côté, le représentant du Haut-Commissariat pour les réfugiés en Tunisie ne cache pas son vœu de voir les autorités tunisiennes aller plus vite dans le sens des attentes de l’ONU : «Nous voulons que 2018 soit l’année de la promulgation de cette loi. La Tunisie deviendrait ainsi le premier pays en Afrique du Nord et au Moyen-Orient à disposer d’une loi sur les réfugiés humanitaires.» Mazen Abou Chanab ne dit par contre pas ce que la Tunisie va concrètement gagner dans cette histoire. Il ne dit pas non plus que tout ce travail est fait pour éviter aux migrants illégaux de rejoindre l’Europe. Cette loi dont M. Abou Chanab parle est destinée à délocaliser les problèmes de l’Europe vers le Maghreb.
Le président de l’Institut arabe des droits de l’homme en Tunisie, Abdul Basit Bin Hassan, a reconnu aussi que son organisme et le HCR avaient «mené une intense campagne pour amener les autorités tunisiennes à adopter une telle loi».
L’ambassadrice de Suisse à Tunis a déclaré pour sa part que son pays, qui abrite le siège du HCR, a aidé financièrement et techniquement le ministère tunisien de la Justice pour préparer la loi tunisienne sur le «droit d’asile». Aussi a-t-elle appelé le Parlement tunisien à l’adopter afin qu’elle puisse être mise en œuvre le plus tôt possible.
La ministre suisse de la Justice et de la Police, Simonetta Sommaruga, avait annoncé, lors de sa visite en Tunisie en octobre dernier, que son pays donnera à l’Etat tunisien et au HCR, pour les deux prochaines années, environ 38 millions de dinars tunisiens. Cet argent sera destiné à aider les migrants en difficulté de passage en Tunisie. Lors de cette visite, la ministre suisse avait également annoncé l’ouverture d’un «bureau de sécurité» dans l’ambassade de son pays en Tunisie. «La lutte contre la migration illégale sera une priorité pour le travail de ce bureau», a-t-elle déclaré. La Suisse soutient, rappelle-t-on, la Tunisie dans la formulation et la mise en œuvre de politiques d’immigration «conformes aux normes internationales».
S. S.
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