Turbulences en vue
Par Kamel Moulfi – De nombreux indices annoncent les turbulences politiques qui vont marquer la nouvelle année 2018. Le détonateur identitaire étant inopérant par manque de prétextes, c’est le facteur économique et son impact social qui feront bouger, voire bouleverser les positions des principaux acteurs de la vie politique nationale, dominée depuis près d’une vingtaine d’années par l’alliance scellée entre le FLN et le RND autour du soutien au président Bouteflika.
La perspective de l’échéance présidentielle de 2019, qui est maintenant bien dégagée, va accélérer la décantation attendue, bien que les profils des principaux participants à cette compétition électorale n’apparaissent pas encore, du moins pas avec suffisamment de netteté. La consultation des médias, qui rapportent les échos de ce qui se trame dans les coulisses ou traduisent en clair les discours codés des dirigeants politiques, laisse deviner quelles seront les personnalités qui seront sur la ligne de départ. Mais le suspense reste entier.
Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, a promis que la question de la candidature qui sera présentée par son parti sera élucidée au cours des premiers mois de l’année. Pour le moment, de toute évidence, et d’ailleurs sans le cacher, Ould-Abbès prépare le terrain pour une victoire du FLN. Le ralliement à l’ancien parti unique des listes d’élus non FLN aux dernières élections locales est, à cet égard, édifiant. Ce fait, par son ampleur et sa médiatisation spectaculaire dans un but de propagande, est sans précédent.
En même temps, Ould-Abbès garde un œil sur Ahmed Ouyahia, qui est un allié dans le camp présidentiel, mais également l’adversaire potentiel identifié à travers des allusions trop nettes pour ne pas le deviner. Il compte sur les difficultés que rencontre le secrétaire général du RND, qui est confronté au poste de Premier ministre, face aux défis posés par la crise financière que vit le pays et qui va en s’aggravant.
Le FLN montre qu’il a son mot à dire sur la politique de privatisation prévue par Ouyahia. On a vu comment l’offensive sur la levée des «tabous», lancée avec une précipitation et une orchestration douteuses, s’est heurtée à Ould-Abbès, qui a rappelé qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir. Ce n’est que le début.
K. M.
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