Washington et les Al-Saoud sont-ils derrière les troubles en Iran ?
Par R. Mahmoudi – Les contestations à l’origine sociale qui ont éclaté il y a quelques jours dans certaines villes iraniennes commencent à se propager à une vitesse inquiétante, surtout après la mort de deux manifestants (ou de quatre, selon certaines sources). L’apparition de slogans politiques, tels que : «Ni Gaza, ni Liban !» donnent une autre dimension à cette révolte et laissent planer des doutes sur ses instigateurs et leurs desseins.
Si les dirigeants iraniens reconnaissent la légitimité des revendications exprimées par les manifestants, et leur droit à exprimer leur colère, ils ne sont pas moins conscients des risques de manipulations que cette contestation pourrait faire l’objet, dans une conjoncture régionale marquée par une escalade politique et médiatique effrénée, lancée par le régime saoudien et ses alliés, ouvertement soutenus par les Etats-Unis et Israël. L’Iran et ses alliés arabes (Houthis, Hezbollah…) sont devenus depuis quelques mois la cible privilégiée des Al-Saoud. Incapables d’affronter militairement les Iraniens, la pétromonarchie d’Arabie dispose toutefois d’importants atouts pour nuire à son puissant rival, et une solide expérience en matière d’intoxication médiatique et de soutien aux mouvements subversifs.
Evoquant un «grand complot» visant leur pays, mais sans nommer officiellement aucune partie, les dirigeants iraniens ont vite fait d’encourager des contre-manifestations dans la capitale à travers tout le pays pour contrecarrer une pernicieuse propagande lancée des médias arabes. La presse locale pointe du doigt les relais médiatiques du régime saoudien, dont notamment la chaîne Al-Arabie, qui vient d’être «rachetée» par le prince héritier Mohammed Ben Salman, accusée de vouloir attiser la violence en Iran, à travers des comptes-rendus montrant ces manifestations comme étant dirigées contre la politique du régime de Téhéran.
La plupart des médias occidentaux adoptent la même attitude, avec des commentaires calqués sur le même schéma, anticipant sur un «printemps iranien», similaire au «printemps arabe» qui a emporté de nombreux régimes. N’attendant pas l’évolution des événements, le président américain, Donald Trump, s’est déjà placé au-devant de la campagne anti-iranienne. Dans un premier tweet, reprenant des extraits de son discours du 19 septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, il a écrit dès vendredi : «Le monde entier comprend que le bon peuple d’Iran veut un changement, et qu’à part le vaste pouvoir militaire des Etats-Unis le peuple iranien est ce que ses dirigeants craignent le plus.» Dans un autres tweet, Trump, renchérit : «Le gouvernement iranien devrait respecter les droits de son peuple, notamment leur droit à s’exprimer. Le monde regarde !» Il a réitéré, samedi, ses «avertissements» en direction de Téhéran, en martelant que «les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais».
Le gouvernement iranien, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a qualifié le soutien américain aux manifestations iraniennes, exprimé par Donald Trump, d’«opportuniste» et d’«hypocrite». «Le peuple iranien n’accorde aucune valeur et crédit aux déclarations opportunistes des responsables américains et de (Donald) Trump», a-t-il déclaré.
R. M.
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