Yennayer amerbuh, Yennayer de la dignité
Par Mourad Bouzidi – La mobilisation de la jeunesse de Kabylie et de celle des autres régions d’Algérie autour de la revendication amazighe est salutaire pour notre pays. Nous la saluons.
Dans un moment de grandes incertitudes, d’absence de perspectives et de démission totale de notre élite, cette mobilisation est venue pour apporter la bonne nouvelle et prouver que malgré le matraquage idéologique opéré par l’école et tous les instruments de propagande des pouvoirs successifs, notre jeunesse a su se réapproprier le combat identitaire et démocratique d’Avril 1980.
La Kabylie – une des régions de notre pays, subit de plein fouet un double déni : un déni identitaire culturel et linguistique qui a conduit à une falsification honteuse de notre histoire, et un déni économique qui se matérialise par une politique de contre-développement et de blocages – se trouve aujourd’hui dans une impasse historique.
Cette impasse historique ne pourrait être dépassée sans une répartition équitable et juste des richesses du pays et un travail de réparation et de repentance de l’Etat algérien envers notre identité et notre histoire.
Faute de quoi, notre pays, l’Algérie, risque de vivre une double fracture générationnelle et identitaire qui le conduira inévitablement vers une transmission sanglante et violente du pouvoir.
L’annonce par le président de la République, mercredi dernier, de la décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée participe de cette repentance. C’est un acquis historique indéniable. C’est une victoire de l’ensemble des militants de la cause amazighe : d’Avril 1980, du Printemps noir de 2001 et particulièrement de la jeunesse d’aujourd’hui.
Contre le déni identitaire, il reste beaucoup à faire : la consécration effective de tamazight comme langue officielle de l’Etat, son intégration dans tous les paliers de l’enseignement et dans tout le territoire national, les médias, l’administration et les domaines prioritaires de la vie publique et institutionnelle.
S’agissant du déni économique, il y a lieu de lever les ostracismes et les blocages délibérés devant les projets d’investissements en permettant de concentrer les énergies patriotiques en vue de mobiliser notre peuple pour les tâches de construction d’une économie prospère.
M. B.
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